L’éditorial de Maitena Urbistondoy
L’incendie de la cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais), dans la nuit du 1er au 2 septembre, a ravivé des souvenirs douloureux dans les esprits, notamment celui de Notre-Dame de Paris. Alors que la reconstruction de cette dernière touche à sa fin, cet autre drame nous rappelle que notre patrimoine religieux demeure fragile. Ces monuments, témoins d’une histoire chrétienne millénaire, sont bien plus que de simples édifices architecturaux. Leur disparition progressive, que ce soit par négligence ou vandalisme, met en lumière une question bien plus profonde : la perte de nos racines spirituelles.
Des signes encourageants
Cependant, au cœur de cette douleur, des signes encourageants émergent. À l’image de Notre-Dame de Paris qui se redresse lentement de ses cendres, une résurgence se manifeste dans des secteurs essentiels de notre société, notamment l’éducation. Le chantier de restauration de Notre-Dame, désormais dans sa dernière ligne droite avant sa réouverture, symbolise la persévérance et la détermination de ceux qui refusent de voir notre patrimoine disparaître.
Mais cet engagement matériel doit être accompagné d’une restauration spirituelle. C’est dans cette perspective que la croissance des écoles hors contrat en France, malgré les difficultés qu’elles rencontrent, apparaît comme une réponse courageuse et essentielle à la crise éducative que traverse notre pays. Cette croissance témoigne de la volonté de préserver ce qui fait l’essence de notre civilisation : la foi, la culture et l’exigence éducative.
L’Éducation nationale, en 2024, est en proie à une pénurie d’enseignants et les causes sont multiples : perte de sens du métier, conditions de travail dégradées, désillusions face aux réformes successives. Pourtant, ces problèmes ne se résument pas à des enjeux matériels. Ils révèlent une crise bien plus profonde : celle des fondements mêmes de l’éducation et de sa capacité à transmettre les savoirs.
Contrairement aux écoles publiques, ces écoles libres n’hésitent pas à assumer des exigences académiques élevées, tout en offrant une éducation soignant la formation intellectuelle et spirituelle.
Dans ce contexte, il est nécessaire de se rappeler les paroles de Benoît XVI :
« La comparaison avec le paysan est très éloquente : qui a semé dans le champ a devant lui des mois d’attente patiente et constante, mais il sait que la semence pendant ce temps-là accomplit son cycle, grâce aux pluies d’automne et de printemps. L’agriculteur n’est pas fataliste, mais il est le modèle d’une mentalité qui unit de façon équilibrée foi et raison, parce que d’une part il connaît les lois de la nature et il accomplit bien son travail, et de l’autre, il s’en remet à la Providence, parce que certaines choses fondamentales ne sont pas entre ses mains, mais dans les mains de Dieu. La patience et la constance sont justement la synthèse entre l’engagement humain et la confiance en Dieu. »
De la même manière que les artisans s’attachent à restaurer pierre après pierre Notre-Dame, nous devons accepter que le travail de reconstruction spirituelle et éducative prenne du temps. Mais ce travail est déjà en cours.
Georges Bernanos, dans son Encyclique aux Français, insistait : « sans la vertu de Force, la charité elle-même se dégrade et s’avilit » [2]. Aujourd’hui, il est crucial de retrouver cette force spirituelle pour résister à la tentation du compromis avec la modernité. L’essor des écoles hors contrat illustre bien cette résistance : il s’agit d’un choix courageux, celui de viser une éducation intégrale, fidèle aux valeurs chrétiennes.
Une possible renaissance
À l’heure où Notre-Dame de Paris se prépare à rouvrir ses portes, elle devient le symbole d’une possible renaissance pour notre société. De la même manière, l’essor des écoles hors contrat est le signe qu’il est encore possible de reconstruire une éducation fondée sur la foi et les valeurs chrétiennes. Mais cette renaissance ne pourra se faire que si nous acceptons, comme l’y invitait Benoît XVI, d’unir patience, constance et confiance en Dieu.
À l’image de ces initiatives éducatives qui fleurissent partout en France, il nous appartient de prendre part à la reconstruction de notre société. Nous pourrons alors espérer que des fruits apparaîtront, à l’image des cathédrales qui, après des siècles d’épreuves, continuent de se dresser, témoins de la grandeur de la foi chrétienne.
[1] Angélus, IIIe dimanche de l’Avent, 12 décembre 2010.
[2] Georges Bernanos, Encyclique aux Français, Éditions de L’Homme Nouveau, 90 p., 11,50 €.
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