L’introït de la Septuagésime est un des rares chants d’entrée des dimanches, parmi le répertoire de la forme extraordinaire, à n’avoir pas été repris dans celui de la forme ordinaire. Il se trouve relégué seulement au samedi de la 4e semaine de Carême. Son texte, tiré du psaume 17, a peut-être été jugé trop sombre, au moins dans sa première partie, avec l’évocation des gémissements de la mort et des douleurs de l’enfer.
Chant de reconnaissance
En réalité, malgré sa présence imposante au début de cet introït, le thème de la mort n’est ni le seul, ni le plus important. Il s’agit au fond d’un chant de reconnaissance, d’un chant d’amour et même d’un chant du Ciel, car il est tout entier au passé simple. Il relate en quelque sorte l’histoire humaine et celle de toute âme parvenue enfin au port de l’éternité. L’introït apparaît donc comme une sorte de fresque grandiose qui représente les principales étapes du salut : le péché et sa conséquence, la mort spirituelle (« Les gémissements de la mort m’ont entouré, les douleurs de l’enfer m’ont environné ») ; la supplication de l’homme déchu et son appel vers le Seigneur, seul capable désormais de le sauver (« et dans ma souffrance j’ai invoqué le Seigneur ») ; l’écoute attentive de Dieu qui exauce la prière et envoie son pardon (« et de son saint temple Il a entendu mon appel ») ; enfin l’action de grâces et l’amour qui jaillissent, telle une litanie, du cœur de celui qui a été sauvé (« Je t’aime, Seigneur, tu es ma force ; le Seigneur est mon rocher et mon refuge, mon libérateur »). Épreuve, prière, secours divin, reconnaissance, amour, tels sont les thèmes de cet introït du 5e mode sobre et profond, qui sont aussi des thèmes majeurs de la spiritualité chrétienne.
Pour écouter cet Alleluia (cliquer sur l’image) :
