Et là j’suis pas le seul. Évidemment il y a bien quelques moines que nous entendons se réjouir et prétendre que le jeûne est non seulement bon pour l’âme mais aussi pour la santé, et qui vont à la pénitence, heureux comme un salarié le vendredi ; quelques religieuses aussi, catéchistes qui se réjouissent en « tatassant » de l’opération bol de riz qui permettra à leurs consœurs d’Afrique d’avoir des fournitures scolaires. Mais pour la plupart d’entre nous, c’est reparti pour le syndrome de l’âme épaisse, pour le Carême foi de veau : juste assez de conscience pour savoir qu’on devrait le faire, et une volonté ayant déjà abdiqué devant des pulsions vivifiées par la crainte d’un quelconque manque ou la perspective d’un effort à consentir. C’est le temps où, piteux, nous feignons de croire à nos résolutions, dont la fiabilité égale les promesses électorales d’un second tour de présidentielle : « Moi pénitent, je… ».
Tentations…
C’est le temps où les objets convoités s’animent et vous parlent : le verre de vin vous invite sournoisement à vous resservir puisque vous avez déjà craqué en en prenant un, la sauce vous nargue, le réveil plus que jamais vous invite à encore un peu de somnolence. Vos proches choisissent ce moment pour mettre au grill une patience toute neuve, à peine sorti du confessionnal. Même les pièces jaunes, habituellement silencieuses, vous traitent de radin en tombant dans le panier de la quête. Bref, c’est avec ce bilan de fin de mandat socialiste que nous arrivons au Golgotha, reconnaissant presque soulagés que nous sommes pécheurs. Cette année le Carême tombe en pleine période électorale (ou l’inverse) ; la charité nous impose de vouloir le bien de nos ennemis ! Ça, ça va être terrible ! Parler charitablement des candidats socialistes, développer de la bienveillance envers le candidat UMP, LMPT en juin et NKM en mars, rester « saint d’esprit » devant la mauvaise foi médiatique… même pas une petite insulte pour conclure un reportage honteusement partisan… Mon Dieu, ce Carême est à peine commencé que nous avons déjà des fourmis dans la verve ! « Deus in adjutorium meum intende ».