À l’approche du dixième anniversaire de la mort de Jean Madiran (1920-2013), le 31 juillet 2013, il n’est pas inutile de rappeler quelques aspects de son œuvre, considérable, et de sa personnalité, parfois méconnue. Il fut journaliste, dès sa vingtième année ; essayiste, parfois pamphlétaire ; philosophe et théologien, même s’il repoussait ces qualificatifs, leur préférant celui de « chroniqueur », mais un chroniqueur qui savait prendre de la distance avec l’actualité politique et religieuse qu’il analysait et commentait. Et c’est dans ce commentaire qu’il rejoignait la philosophie chrétienne et la doctrine catholique dont il fut le défenseur ardent et jamais découragé. Né sous le pontificat de Benoît XV, mort aux premiers mois du pontificat du pape François, il aura connu huit papes. Sous quatre pontificats, à partir de 1972, il aura porté la même réclamation : « Rendez-nous l’Écriture sainte, le catéchisme romain et la messe traditionnelle. » Dans quelle mesure sa réclamation, qui rejoignait celles d’autres personnalités, mouvements et communautés, a-t-elle été entendue ? C’est aux historiens désormais de l’établir, avec la considération que ce qu’un pape défait un autre peut le refaire et inversement. On doit relever, néanmoins, que si Jean Madiran a réclamé, beaucoup protesté contre des paroles épiscopales voire pontificales, sa « réclamation » n’a jamais été, à l’inverse d’autres, une « accusation ». Toujours il a cherché à être entendu, à s’expliquer, à dialoguer. En tête de L’Hérésie du XXe siècle, qu’il a publiée en 1968 et qu’il considérait comme son livre le plus important (réédité en 2018 par Via Romana), il a rappelé qu’à trois reprises, en 1966, 1967 et 1968, il « a demandé à être personnellement entendu par l’Assemblée plénière de la Conférence épiscopale française ». L’Assemblée plénière, qui a reçu pour les écouter d’autres laïcs, et des non-catholiques, n’a jamais donné suite à cette demande réitérée. Mais à différents moments de sa longue vie d’écrivain catholique, il n’aura pas été totalement ignoré des autorités ecclésiastiques. À la fin des années 1950 et au début des années 1960, Mgr Guerry, qui était archevêque de Cambrai et secrétaire de l’Assemblée des Cardinaux et Archevêques (ACA), a entretenu une abondante correspondance avec lui et l’a reçu à six reprises en audience. Dans les dernières années de sa vie, Jean Madiran a aussi dialogué avec le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, par lettres, avant de le rencontrer longuement chez Émile Poulat pour une discussion…
Le Maître de la Terre, de retour sur les rayons
Recension | La Rédaction de L'Homme Nouveau vous propose une page culture, avec un choix de quelques livres religieux, essais ou CD, notamment Le Maître de la Terre de Benson, réédité par Ephata. Des idées de lecture à retrouver dans le n°1821.