L’ouverture de l’Année de la Miséricorde approche, et le Pape vient de prendre une initiative nouvelle et importante. Habituellement, pour tous les jubilés, le pape publie seulement la bulle d’indiction de l’Année Sainte, laissant au tribunal de la Sacrée Pénitencerie le soin de régler les questions pratiques, spécialement celles qui concernent les indulgences. Cette fois, c’est le Pape lui-même qui, « en vertu de sa juridiction pleine et entière, non seulement en matière de foi et de mœurs mais encore pour tout ce qui regarde le gouvernement et la discipline de l’Église », a pris des initiatives personnelles qui marquent bien son désir de la conversion du monde revenu au Christ et définitivement délivré de Satan.
Pardonner l’avortement
La première initiative concerne la vie. Le Pape rappelle les conséquences de « ce crime abominable » qu’est l’avortement. Une conscience superficielle, note le Pape, en fait un bien, quand ce n’est pas un droit de la femme. Pourtant, par ce crime, on tue l’humanité même, le droit d’exister étant pour l’homme le premier des droits, comme l’ont souligné tous les papes avec force depuis Pie XII et son fameux discours aux sages femmes de 1951. Or, devant ce crime dramatique qui a fait plus de morts que les deux guerres mondiales (certains parlent d’un chiffre approchant le milliard), le Pape, en vrai père, pousse les femmes à la repentance en leur demandant de se tourner vers la miséricorde et non vers le désespoir qui les perdrait. Pour ce, il établit, et lui seul peut le faire, que tout prêtre pourra absoudre ce péché ainsi que l’excommunication latæ sententiæ (automatique) encourue par tous ceux qui y ont collaboré directement. En temps ordinaire, ce péché et cette censure sont réservés à l’évêque qui peut certes déléguer son pouvoir.
Ouverture aux prêtres de la FSSPX
La deuxième mesure concerne les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X : au cours de cette année, ils pourront absoudre validement, ce qu’ils ne peuvent faire pour l’instant. Beaucoup s’en étonnent. Il faut savoir que si tout prêtre de par le sacrement de l’ordre peut absoudre les péchés en cas de danger de mort ou d’erreur commune, par contre il lui faut habituellement les pouvoirs, c’est-à-dire la juridiction nécessaire pour entendre les confessions. Puisse cette grande miséricorde affermir un chemin de retour définitif dans l’unique Église du Christ !
Le Pape veut que la miséricorde de Dieu s’étende à tous et partout, dans la droite ligne du message de sainte Faustine. Il prend donc des dispositions pour que les grâces jubilaires puissent être gagnées par tous ceux qui ne pourront jamais aller ni à Rome ni dans les églises jubilaires. Il veut que la porte de la miséricorde soit particulièrement franchie par les malades et les prisonniers. Il veut aussi que l’indulgence jubilaire permette non seulement un pardon total, ce qui est déjà acquis par le Père des miséricordes, Père des enfants prodigues que nous sommes tous, mais qu’aussi la conversion de tous et de chacun soit durable et change vraiment la face du monde. Oui le Pape attend certainement beaucoup de cette année et nous ne devons pas le décevoir.
Comme à l’accoutumée, les trésors de la miséricorde puisés dans les mérites du Rédempteur de l’homme, de Marie et des saints s’étendent à tous les défunts par mode de suffrages. Le Pape rappelle là la doctrine du purgatoire et celle des indulgences, toutes deux refusées par les protestants. Enfin, il confie toutes ses dispositions à la Mère de la Miséricorde. Tournons-nous d’autant plus vers elle que le centenaire de Fatima est tout proche.