La paix de ce monde ne peut se faire sans le Christ ni en dehors de son règne… Cent ans après la première encyclique de Pie XI, le constat et les exhortations du pape résonnent avec une actualité particulière.
Le 23 décembre 1922, le pape nouvellement élu donnait à l’Église et au monde sa première encyclique : Ubi arcano Dei consilio. Si elle n’est certainement pas le plus connu de textes de Pie XI, cette lettre est un aperçu programmatique ramassé et dense des grandes orientations de son pontificat. Venant après Pie X et Benoît XV dont les règnes avaient été marqués par la montée des tensions puis la terrible guerre opposant les nations chrétiennes, le pape revient sur le contexte troublé des nations chrétiennes et donne ce qui lui semble être l’orientation principale de son pontificat : redonner aux individus et aux sociétés une paix véritable. En cette courte lettre adressée aux évêques du monde entier, Pie XI offrait un aperçu quasi prophétique des grands défis de l’Église dans les années de l’entre-deux-guerres, que l’on retrouvera dans les grands textes de son pontificat : Quas Primas, Casti Connubii, Quadragesimo Anno, Divini Redemptoris… Pourtant, revenir à Ubi arcano après un siècle ne présente pas seulement un intérêt historique, car les thèmes abordés ne sont pas sans résonance profonde dans les premières décennies de notre XXIe siècle. 1. L’oubli de Dieu qui blesse l’homme à trois niveaux Saint Jean avait identifié et classé dans sa première épître les influences néfastes du monde dans trois directions principales : la convoitise de la chair, la concupiscence des yeux et l’orgueil de la vie (1 Jn 2, 16). C’est à ces trois niveaux que Pie XI fait l’amer constat d’un oubli général de Dieu dans les sociétés de son temps. Cette division recouvre les trois échelons de la vie humaine : l’individu, la famille, cellule de base de toute société, et l’État, organisation politique de la cité.
- Orgueil de la vie
Au niveau de la société, l’oubli de Dieu prend la forme de l’orgueil de la vie, la quête du pouvoir pour lui-même. Le droit naturel est oublié aussi, conduisant à fonder le droit sur la force du souverain et de l’État, qui devient la référence unique. Les nombreux risques de dérive dénoncés par le pape ne sont pas sans annoncer prophétiquement la grave crise que connaîtra l’Europe des années…