> Messe Rex splendens :
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Commentaire musical
Ce Kyrie, employé pour les fêtes des saints, serait d’origine anglaise. Il est daté du Xe siècle, et il appartient au 8e mode.
Son schéma est très simple : abc, mais encore faut-il noter que seules les formules des Kyrie et des Christe varient, au début du moins. Le mot final eléison est toujours traité mélodiquement de la même manière. La formule qui précède ce dernier mot est également toujours présente. Seules donc les formules initiales diffèrent, tout en procédant les unes des autres, de façon finalement très structurée. Si on observe bien la mélodie, on voit que le Christe, plus développé, retrouve la mélodie du Kyrie sur le pressus La-Ré.
Quant à la mélodie des trois derniers Kyrie, encore plus développée que celle des trois Christe, elle rejoint cette dernière encore plus tôt, à partir du Si de la descente inaugurée sur le Ré, après l’attaque de la dernière syllabe. On a donc une mélodie par emboîtement, assez construite.
Le Kyrie initial part du La, puis descend jusqu’au Fa, remonte au La sur lequel il se pose de façon ferme, puis, par un intervalle de quinte, chute jusqu’au Ré grave. À partir de ce Ré, la mélodie forme une courbe parfaite, montant par degrés conjoints jusqu’au La, et redescendant de même jusqu’au Ré. Cette formule, comme on l’a dit, se retrouve également pour les Christe et les derniers Kyrie.
Après cet arc roman, la mélodie remonte une nouvelle fois, de la même manière exactement, mais se pose sur le La comme à la fin du Kyrie. Puis, elle joue sur les trois notes La, Sol et Fa, pour venir finalement se poser sur le Sol.
Jusque là, il semble vraiment que nous soyons en mode de Ré et non pas en mode de Sol. Seule la cadence finale de eléison nous renseigne, bien maigrement, sur l’appartenance de ce Kyrie au mode de Sol.
Le Christe oriente davantage la modalité. En effet, l’attaque ne se fait plus sur le La mais sur le Do (dominante du 8e mode), et dans la descente qui suit, le Sol joue un rôle plus structurel et plus ferme. Toutefois, la mélodie vient encore se poser sur le La pointé. Une seconde fois, on touche le Do, et la formule qui en découle n’est qu’une variation de la précédente, mais met davantage encore en valeur le Sol. Et comme on l’a dit, à partir du double La et de la chute vers le Ré, on retrouve, à l’identique, la mélodie du Kyrie, avec sa courbe parfaite Ré-La-Ré.
Les derniers Kyrie nous font plus clairement encore voir le mode de Sol au début de leur mélodie. Là, le Sol et le Do, respectivement fondamentale et dominante du 8e mode, sont immédiatement mis en relation avec le tout premier podatus. Ensuite, la mélodie brode autour du Do, touchant le Si puis le Ré, au sommet de la pièce. La descente qui suit ce Ré aigu, rejoint alors la mélodie des Christe, à partir du Si, et pour le reste on retrouve entièrement la mélodie des Christe qui elle-même reprend celle des trois premiers Kyrie.
La beauté de ce Kyrie, qui procède le plus souvent par degrés conjoints, réside dans la grande souplesse de sa ligne mélodique. Une grande fluidité, avec quelques points d’appuis très ferme, le tout sans interruption, donnent à ce chant quelque chose de très structuré et de très paisible. Le mode de Ré et le mode de Sol s’harmonisent parfaitement. Il faut donc bien suivre cette ligne mélodique sinueuse mais calme, en donnant de la vie, par des crescendos et des decrescendos, au fil des montées et des descentes. L’intensité monte en outre clairement du début vers la fin, et culmine avec les trois derniers Kyrie.
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