La pause liturgique : Agnus 7, Rex splendens (Mémoires des Saints)

Publié le 21 Sep 2024
communion alleluia sanctus agnus

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Commentaire musical

Agnus 7 Partition agnus

Cet Agnus est représenté par quelques manuscrits anglais ou français, et il n’est pas antérieur au XIVe siècle. Les deux premiers Agnus sont identique, et le troisième est original.

Quelle différence entre l’Agnus 6 et l’Agnus 7, tous deux écrits pourtant en 8e mode ! Le premier est grave et suppliant ; celui-ci est tout en élan, et cela dès son intonation qui bondit spontanément vers sa dominante, tandis que celle de l’Agnus 6 restait résolument campée autour et tout près de sa tonique. Ici, l’attaque sur le La, le passage sur le Sol, ne servent qu’à s’élancer vers le Do, puis sur le Ré, deux cordes autour desquelles s’enroule le motif le plus élevé de toute la pièce : trois Do et trois Ré se partagent ce sommet après lequel la mélodie revient se poser, non sur le Sol, mais sur le La.

Tout est donc réuni pour que cette intonation sonne joyeusement, avec élan. On imagine Saint Jean-Baptiste montrant avec enthousiasme Jésus et le présentant à la foule dans sa mission de Rédempteur. Après cette intonation, la suite (qui tollis) est plus modeste, alternant entre le La et le Fa, autour du Sol qui retrouve pleinement sa valeur de tonique, ferme et appuyée. Le mot peccáta est expressif avec son attaque sur le Ré grave. Les deux intervalles de tierce Ré-Fa et Fa-La, pourtant, lui donnent un élan plein de confiance, avant que la mélodie revienne se fixer sur le Sol, non sans s’être bien appuyée auparavant sur la sous-tonique Fa.

Et sur miserére, on retrouve l’élan initial, partant plus explicitement du Sol, cette fois, et n’atteignant pas le Ré, donc moins en jaillissement, mais il est clair qu’on est quand même dans l’atmosphère joyeuse du début, tempérée seulement au plan verbal par le caractère suppliant du verbe. La finale nobis, est toute simple et très belle avec ses deux petits podatus en élévation mélodique sur l’accent et le Sol ferme de la cadence.

La seconde invocation est identique à la première, et la troisième est originale, même si elle s’inscrit dans la même atmosphère. Simplement, elle est encore plus joyeuse en son début, attaquant directement sur le Do, plus simplement, plus nettement que pour la première invocation. La finale de Agnus et le début de Dei rejoignent les formules mélodiques de la première invocation, mais la finale de Dei s’amplifie dans une belle descente majestueuse que ne rompt pas le petit rebond sur le Do, avant la déposition de la cadence en Sol. Tout cela est très beau, très régulier, très plein et c’est sans doute le sommet intensif de toute la pièce. Par contre, la suite, qui tollis peccáta, apparaît plus en retrait que la formule des deux autres invocations, se contentant de broder autour du Sol, puis descendant au grave sur la finale de peccáta, avant de remonter se poser sur une cadence non en Sol mais en La, donc assez expressive, sur mundi. Le La doit être bien soutenu de manière à conduire vers la suite et le beau motif de dona nobis qui monte du Fa au La puis au Do. La mélodie de nobis reproduit celle de Dei, juste auparavant, exception faite du Ré aigu qui n’apparaît pas. Quant au traitement mélodique de pacem, il reproduit à l’identique celui de nobis dans les deux premières invocations.

Cet Agnus est très bien construit, assez joyeux et enthousiaste jusque dans sa supplication. Il est harmonieux et agréable à chanter comme à écouter.

 

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Un moine de Triors

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