Le 17 avril, le Pape a poursuivi sa catéchèse des vices et vertus entamée en décembre dernier. Il y abordait la vertu de tempérance, quatrième vertu cardinale qui établit une connexion entre les autres vertus et assure un équilibre dans le cœur de l’homme.
Après les vertus de prudence, de justice et de force, le Pape, lors de l’audience générale du 17 avril dernier, analyse maintenant la quatrième vertu cardinale, la tempérance, que le Catéchisme de l’Église catholique définit ainsi : « C’est la vertu morale qui modère l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés. Elle assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté. La personne tempérante oriente vers le bien ses appétits sensibles, garde une saine discrétion et ne se laisse pas entraîner pour suivre les passions de son cœur » (Si 5, 2 ; cf. 37, 27-31).
La tempérance est souvent louée dans l’Ancien Testament : « Ne te laisse pas aller à tes convoitises, réprime tes appétits » (Si 18, 30). Dans le Nouveau Testament, elle est appelée « modération » ou « sobriété ». Nous devons « vivre avec modération, justice et piété dans le monde présent » (Tt 2, 12).
Et le Catéchisme donne ensuite un très beau texte de saint Augustin sur la connexion des quatre vertus cardinales : « Bien vivre n’est autre chose qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son agir. On lui conserve un amour entier (par la tempérance) que nul malheur ne peut ébranler (ce qui relève de la force), qui n’obéit qu’à lui seul (et ceci est la justice), qui veille pour discerner toutes choses de peur de se laisser surprendre par la ruse et le mensonge (et ceci est la prudence). »
Si j’ai cité ce texte de saint Augustin non rappelé par le Pape, c’est bien précisément qu’il est très important de se souvenir de la connexion des vertus, qui ne sont jamais abstraites ni détachées de la vie. Au contraire, elles ont de profondes racines dans la vie elle-même, car la vertu a toujours une incidence sur la vie de l’homme, sur ses actions et sur son comportement. On ne saurait être vraiment prudent, ni authentiquement juste, ni réellement fort, si l’on ne possède pas en même temps la vertu de tempérance, qui conditionne indirectement toutes les autres.
Vertu indispensable à l’homme
Toutes les vertus sont indispensables pour que l’homme soit tempérant ou sobre. La vertu de tempérance garantit à l’homme la domination du moi supérieur sur le moi inférieur. Est-ce là une humiliation de notre corps ? Au contraire, cette domination valorise le corps. La vertu de tempérance fait que notre corps et nos sens trouvent la place exacte qui leur revient dans notre être humain. L’homme tempérant est celui qui a la maîtrise de soi-même, celui chez qui les passions ne l’emportent pas sur la raison, sur la volonté, et même sur le cœur. C’est l’homme qui sait se dominer ! La tempérance est donc indispensable pour que l’homme soit pleinement homme.
Comme toutes les vertus cardinales, la tempérance se trouve en l’homme d’abord comme vertu naturelle, connue par les anciens comme Aristote. Pour lui, l’enkatreia ou tempérance, ayant pour objectif le bonheur, instruisait sur l’art de vivre. Cette vertu a donc le pouvoir de ne pas nous laisser envahir par les passions rebelles. Manzoni, cité par le Pape, dit qu’elle a pour but de mettre de l’ordre dans le « fouillis du cœur humain ». Aussi est-elle la vertu de la juste mesure.
Elle est donc un précieux auxiliaire de la vertu de prudence, car elle permet à l’homme de vivre avec sagesse, sans se laisser dominer par l’air ambiant, ni par les impulsions du moment ou en donnant un rôle à l’excès ou à l’exubérance, qui précisément fait dépasser la mesure. En nous montrant en tout la juste mesure, la tempérance est la vertu de l’équilibre. Elle est donc ô combien précieuse ! Et pourtant elle est si rare dans notre société de consommation corrompue.
Demandons à l’Immaculée la précieuse grâce de cette vertu qui nous rendra matures dans tous les domaines.
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