L’acédie, ou le dégoût du surnaturel

Publié le 21 Fév 2024
acédie
Ce 14 février, jour du mercredi des Cendres, le pape François évoquait l’acédie, cet état de tiédeur et de dégoût qui mène à la mort spirituelle. Cette audience est la huitième catéchèse sur les vices et vertus, entamée en décembre dernier.

 

En poursuivant ses conférences sur les vices et vertus, le Pape a abordé, lors de l’audience du jour des Cendres, un vice auquel il attache une particulière attention, l’ayant déjà développé à plusieurs reprises : l’acédie.

Au chapitre 48ème de sa Règle, saint Benoît emploie le mot acediosus, terme complexe mais si important à connaître pour la vie spirituelle. L’acédie est en effet particulièrement dangereuse pour ceux qui s’adonnent au service de Dieu, car elle ruine l’édifice spirituel.

Le travail, dans son côté laborieux héritage du péché, possède sûrement un côté difficile et austère qui ne s’accomplit pas sans peine. Courage et générosité sont nécessaires pour l’accomplir. Or cette dernière n’est certainement pas évidente, même si elle demeure une disposition des plus nécessaires à tous ceux qui veulent s’engager dans la voie étroite et ardue de la perfection évangélique. La vie spirituelle est un combat, une guerre continuelle contre tous les penchants vicieux, même les plus légers, car la couronne, selon l’enseignement de saint Paul, ne sera donnée qu’à celui qui aura généreusement combattu. L’effort et le combat sont donc nécessaires. C’est là que l’acédie se montre dangereuse.

 

Le démon de midi

Essayons de reconnaître ce dangereux état de tiédeur, de torpeur, rempli tout à la fois de paresse et de tristesse et qui conduit véritablement à la mort spirituelle. L’acédie, comme le remarque le Pape, n’est pas la paresse. Celle-ci est la conséquence de la première. L’acédie est le dégoût des choses de Dieu, qui conduit à la paresse et au désir de quitter sa cellule. Au début de l’histoire de la spiritualité, l’acédie était considérée comme un péché capital. Les Pères y ont vu une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse, à la baisse de la vigilance, à la négligence du cœur. « L’Esprit est ardent mais la chair est faible » (Mt 26, 41).

Plus on tombe de haut, plus on se fait mal. Le découragement douloureux est l’envers de la présomption. Qui est humble ne s’étonne pas de sa misère, elle le porte à plus de confiance, à tenir ferme dans la constance.

Les auteurs spirituels comme Évagre le Pontique, Cassien, Grégoire et Benoît, parlèrent de l’acédie comme d’une torpeur spirituelle ou tiédeur, vomie par la bouche du Seigneur, selon l’Apocalypse. Elle est la grande tentation du moine déjà mûr. Elle est causée par le démon de midi. L’acédie est souvent le fait de la routine, sa forme la plus pernicieuse, car elle implique la non correspondance à des grâces plus nombreuses ; et elle implique toujours le refus du moine de se donner vraiment, ce qui peut aller même jusqu’au dégoût du surnaturel.

Le premier effet de l’acédie est évidemment un affaiblissement de la volonté. Une autre conséquence consiste dans la perte de la mesure et de la prudence, en péchant par défaut, ce que j’appellerai volontiers le minimalisme, conséquence de la négligence : en faire le moins possible ; ou en péchant par excès, ce que j’appellerai le maximalisme : l’acédie suggère alors au moine qu’il n’en fait pas assez, que sa solitude n’est pas assez profonde, que sa mortification ne doit pas imiter ses frères trop relâchés, que sa retraite doit être absolue, etc. L’acédie prendra alors la tentation d’exagération. 

 

La patience et l’humilité comme remèdes

La personne qui est victime de ce vice détestable est comme écrasée par une pulsion de mort : dégoût pour tout, relation avec Dieu ennuyeuse ; même les actes les plus saints qui dans le passé avaient réchauffé le cœur, sont devenus inutiles. En conclusion, celui qui est sous l’acédie n’accomplit pas avec sollicitude l’œuvre de Dieu.

Le remède le plus important contre l’acédie est la patience de la foi. L’acédie n’a pas même épargné les saints, qui surent traverser victorieux la nuit de la foi, dans la patience et l’humilité. Garder la foi et ne pas éteindre la petite mèche qui brûle encore, tel doit être le but de tous ceux qui sont tentés par ce vice détestable.

 

Retrouvez les autres catéchèses sur les vices et vertus :

 

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