La laïcité, boussole de la République

Publié le 22 Déc 2022

Main dans la main avec la franc-maçonnerie, la République française depuis ses origines martèle et impose un prétendu principe de laïcité. En réalité, loin de garantir la séparation des pouvoirs spirituel et temporel, ce « principe » est celui d’un antichristianisme et d’une religion du « progrès humain » affirmant sans trêve l’autonomie de la volonté. Un programme toujours actuel sur lequel on ne peut se faire aucune illusion. Le 23 juin 2003, Jacques Chirac, président de la République, recevait à l’Élysée les obédiences maçonniques afin de célébrer le 275e anniversaire de l’implantation de la franc-maçonnerie en France. Ne voulant pas être en reste, Nicolas Sarkozy avait organisé à son tour une réception en l’honneur des loges au ministère de l’Intérieur. En France, depuis plus de deux siècles, l’histoire de la franc-maçonnerie est étroitement liée à l’histoire de la « régénération » révolutionnaire. Comme le rappelait François Hollande lors de sa venue au siège du Grand Orient, le 27 février 2017 : « Beaucoup de maçons furent […] des artisans des grands textes de la Révolution ». Au XIXe siècle, la franc-maçonnerie a joué un rôle décisif dans la naissance de la République laïque : « Tout au long du XIXe siècle, les maçons se battent pour l’avènement de la République », insistait Hollande. Lorsque les Républicains accédèrent au pouvoir, à la fin des années 1870, la grande majorité des présidents du Conseil et des ministres appartenait à la franc-maçonnerie, à l’instar de Jules Ferry, de Léon Bourgeois, de Camille Pelletan, d’Émile Combes, de René Viviani… Ils épurèrent la fonction publique, la magistrature et l’armée. Ils mirent en œuvre un programme agressif de sécularisation des institutions, de laïcisation de l’école et d’expulsion des congrégations. Cette politique anticléricale conduisit à la destruction programmée de l’école catholique et à la séparation des Églises et de l’État par cette loi du 9 décembre 1905 qui, loin d’être une loi d’apaisement comme on le lit trop souvent, fut une loi de combat ambitionnant d’éradiquer en France l’influence et même la présence du catholicisme afin de mieux lui substituer cette religion du citoyen, imaginée par Jean-Jacques Rousseau avant d’être théorisée par Ferdinand Buisson, qui reposait sur la sacralisation de la République et sur « la sainteté du contrat social et des lois », en un mot, la religion de la Laïcité. Les liens entre régime républicain et franc-maçonnerie étaient alors si étroits que le convent du Grand Orient pouvait affirmer en 1894 : « La franc-maçonnerie…

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Philippe PICHOT BRAVARD Maître de conférences HDR

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