Tôt dans la matinée, le 12 janvier, puis dans la nuit, les Américains et les Britanniques ont lancé des attaques aériennes contre les positions des Houthis, rebelles sécessionnistes au Yémen. 73 raids ont touché 30 positions et totalisé 150 frappes. On ne compte néanmoins que cinq morts, bilan qui donne à penser que Washington cherchait plus à impressionner qu’à tuer. Ces opérations répondaient aux tirs des Houthis, depuis le mois de novembre, contre les bateaux de commerce qui croisent au large des côtes yéménites baignant dans les eaux de la mer Rouge. Charriant 12 % du trafic maritime mondial, cette zone est le passage obligé des navires empruntant le canal de Suez. Les Houthis sont un mouvement armé, d’obédience chiite, en lutte contre les factions sunnites et une coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Ils bénéficient de l’aide de l’Iran et font partie de l’axe informel constitué par ce pays contre les États-Unis, Israël et, accessoirement, les États sunnites. En clair, comme le Hezbollah au Liban, les Houthis sont l’un des pions manipulés par Téhéran pour atteindre ses objectifs politico-militaires au Moyen-Orient.
Un ensemble stratégique
L’attaque du Hamas du 7 octobre dernier contre Israël interfère dans cet ensemble stratégique. D’abord parce que ce mouvement politico-militaire, bien que sunnite, entretient des relations de proximité avec l’Iran. Ensuite parce que les excès, pour rester pondéré, des Israéliens à l’égard des Palestiniens sont un terrain favorable à la propagande contre l’Occident, États-Unis en tête, auquel l’État hébreu est allié. Comme il fallait le craindre, l’Iran n’a pas manqué d’activer son front yéménite en réponse aux pilonnages inhumains de l’armée israélienne sur Gaza où l’on compte près de 25 000 morts, pour le plus grand nombre des femmes et des enfants. Ainsi, depuis novembre, à l’aide de missiles et de drones, les Houthis ont commencé à prendre pour cibles les bateaux croisant en mer Rouge.
Les Houthis en soutien à Gaza
Ils avancent une raison qui, pour être une excuse, n’en est pas mauvaise pour autant : ils demandent le libre passage de l’aide humanitaire vers Gaza où la faim, le froid et le manque de médicaments font des ravages. Les conséquences n’ont pas manqué de faire leur apparition : en raison de l’insécurité, plusieurs compagnies maritimes ont dérouté leurs bateaux, augmentant la longueur des trajets. Résultat, les coûts et les délais de livraison s’envolent. Quand la…