> L’Essentiel de Thibaud Collin
Au retour des vacances, la question demeure : comment garder la paix intérieure découverte dans un rythme plus contemplatif ? L’attention en est la clé. Acte et vertu, elle libère de la dispersion pour accueillir ce qui se donne : les dons de la vie, d’autrui et de Dieu.
Nombreux sont ceux qui au retour de leurs vacances souhaitent en prolonger les bienfaits dans leur vie quotidienne, nous pourrions dire dans leur vie ordinaire, c’est-à-dire selon l’ordre. Mais de quel ordre s’agit-il ? Bien souvent les vacances sont l’occasion d’un rapport au temps différent, moins utilitaire, plus gratuit, rapport fondé sur une attitude intérieure plus méditative, voire contemplative. La beauté de la nature, la richesse des rencontres, les retrouvailles familiales sont autant de dispositions à vivre avec plus d’intensité les choses humaines. Comment ne pas dilapider en quelques jours ce qui a été ainsi vécu ? Comment entretenir cet esprit contemplatif afin de vivre selon un ordre véritable, c’est-à-dire respectueux de notre nature de personne humaine ?
« La beauté de la nature, la richesse des rencontres, les retrouvailles familiales sont autant de dispositions à vivre avec plus d’intensité les choses humaines. »
Un décentrement qui assèche
En effet, la vie contemporaine est le plus souvent traversée par de puissants flux, cognitifs et émotionnels, nous emportant hors de nous-mêmes. Ce décentrement assèche notre vie intérieure et finit par nous épuiser. Dès lors, nous subissons notre existence au lieu d’en être le sujet libre et conscient. Nos relations avec autrui et avec Dieu en pâtissent. La tradition philosophique et religieuse est riche de réflexions et de pratiques nous permettant d’affronter de tels défis à l’heure de l’empire des écrans et de la distraction généralisée (le fameux multitasking, l’accomplissement simultané de plusieurs tâches, par exemple participer à une réunion et regarder ses courriels). La vie intérieure d’une personne dépend en grande partie de la qualité de son attention. Celle-ci est au cœur de vertus structurant la vie humaine et surnaturelle, telles que l’examen de conscience et la gratitude. Si tout tend aujourd’hui, à l’ère du capitalisme cognitif, à nous disperser et à nous chosifier, il s’agit de s’unifier et de déployer une saine subjectivité. Contrairement à ce que l’on croit parfois, tout souci du sujet n’est pas subjectivisme. Ne nous laissons pas voler notre subjectivité par l’individualisme ! Le rapport à soi-même n’est certes pas une fin en…