Le 22 janvier, 11e Marche pour la vie : une génération engagée et déterminée

Publié le 06 Jan 2017
Le  22 janvier, 11e Marche pour la vie : une génération engagée et déterminée L'Homme Nouveau

Cette année, de nouvelles associations se joignent au collectif organisateur de la Marche pour la Vie. Est-ce lié à un « effet Manif pour tous » ?

Benoît Sévillia : Cette année, nous avons voulu lancer une nouvelle dynamique en associant aux acteurs historiques qui sont engagés depuis plus de vingt ans dans le combat pour la défense de la vie comme « Renaissance Catholique », « Choisir la vie » ou encore la « Fondation Jérôme Lejeune » de nouvelles organisations plus jeunes, nées dans le sillage de « La Manif pour tous » comme les « Éveilleurs d’Espérance » ou encore l’« Avant-Garde ». Un autre collectif comme les « Survivants » est venu apporter une pierre essentielle à l’édifice. Forte du travail passé, et avec des jeunes générations qui viennent lui prêter main forte, la Marche pour la Vie est résolument tournée vers l’avenir. Par exemple, en tenant un discours de vérité sur l’avortement, nous avons investi cette année des moyens de communication digitale importants avec des spots et des slogans chocs diffusés sur les réseaux sociaux.

Cette génération a également compris combien la légalisation puis la banalisation de l’avortement dans nos sociétés occidentales ont ouvert la voie à d’autres transgressions extrêmement graves, ce qui explique qu’elle se mobilise aujourd’hui avec autant de vitalité pour défendre la vie.

Quels ont été les fruits des précédentes Marches Pour la Vie ? La cause de la vie a-t-elle avancé ?

Les précédentes Marches pour la Vie ont contribué à lever une génération engagée et déterminée à défendre ses valeurs. C’est cette génération notamment que l’on a pu retrouver dans les rangs de « La Manif pour tous ». Par ailleurs, s’il faut bien reconnaître que le droit à l’avortement a connu un élargissement sans précédent ces cinq dernières années avec l’instauration de l’IVG comme droit fondamental et la suppression de la notion de détresse en 2014, la fin de la semaine de réflexion obligatoire avant de décider de mettre fin à une grossesse non désirée votée en 2015, ou encore la création du délit d’entrave numérique à l’IVG en 2016, la Marche pour la Vie a largement contribué à ce que la question de la légitimité de l’avortement reste un sujet d’actualité au cœur des préoccupations médiatiques et politiques. Il est notamment intéressant d’observer que le droit à l’avortement reste un marqueur idéologique fort : qui aurait pu imaginer qu’il se retrouverait quelques jours au centre de la campagne de la primaire de la droite et du centre ?

Vous évoquez l’actualité, notamment la proposition de loi relative à l’extension du délit d’entrave. La Marche pour la Vie semble être la principale occasion de s’opposer à cette proposition de loi ?

La Marche pour la Vie reprend cette année dans un contexte législatif très défavorable à tous ceux qui proposent aux femmes en détresse une alternative à l’avortement, qui leur permette de garder leur enfant. Ce projet de loi, déjà adopté en première lecture à l’Assemblée nationale et au Sénat, qui l’a légèrement modifié dans un sens encore plus néfaste, constitue une atteinte gravissime à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion contre laquelle les représentants de la nation auraient dû s’élever fermement.

Le texte de la proposition de loi concerne en effet les informations diffusées par tous moyens. Ne sont pas seulement visés les sites internet et les réseaux sociaux, il y a également les supports de communication pédagogique, les vidéos, mais aussi à terme certainement les manifestations publiques, qui pourraient faire l’objet d’une accusation de délit d’entrave.

Puisque nos élus ont déserté leurs responsabilités devant le Parlement, les citoyens clameront leur indignation dans les rues de Paris le 22 janvier prochain et il est déjà à parier qu’ils seront très nombreux !

L’édition 2017 de la Marche pour la Vie s’attaque aux « dérèglements bioéthiques » : cela signifie donc qu’en plus de l’actualité la plus fraîche (délit d’entrave), il s’agira de se mobiliser contre la GPA, contre les prétentions des lobbies pro-euthanasie, etc. ? En clair, la Marche pour la Vie s’engage sur un grand nombre de sujets, au-delà de la seule question de l’avortement ?

La Marche pour la Vie ne veut pas particulièrement élargir son combat au-delà de la défense de la vie, de sa naissance à sa fin ultime, qui est déjà un immense chantier. Par ce slogan, « Marche pour la Vie contre le dérèglement bioéthique », elle tient à rappeler qu’en ayant perdu de vue la réalité de l’avortement qui, plus qu’un drame, constitue la suppression d’une vie humaine, la société fait preuve d’une inversion des valeurs telle que l’on peut parler de dérèglement bioéthique. Si mettre fin à la vie d’un être vivant devient un principe acceptable, alors toutes les autres déviances en matière scientifique et bioéthique sont possibles puisque l’on se refuse à admettre que la vie est sacrée et que la mission première des médecins est de la protéger.

Si la Marche pour la Vie arrive à faire prendre conscience à l’opinion de la gravité de l’acte d’avortement, alors nous aurons réussi à remettre en cause une des racines les plus emblématiques du dérèglement bioéthique.

Comme vous l’indiquiez plus haut, l’avortement est revenu sur le devant de la scène, à l’occasion de la primaire de la droite ; primaire au cours de laquelle François Fillon fut attaqué sur cette question. Faut-il se féliciter de ce retour de la question de l’IVG ? Ne demeure-t-elle pas cependant le tabou politique absolu en France ?

La question de l’avortement est effectivement devenue le tabou ultime mais comme je le disais précédemment elle reste dans le débat public et c’est essentiel pour nous. Cela signifie donc qu’elle reste un sujet majeur, qui ne fait pas l’unanimité, certains politiques comme François Fillon, tout en ayant tout accepté sur un plan législatif, se déclarant y être opposés à titre personnel. C’est une aberration contre laquelle il nous faut combattre. Comment peut-on tolérer que sur le problème aussi grave de l’avortement les politiques renoncent officiellement à mettre en adéquation leur action publique avec leurs convictions personnelles ?

Si le courage politique semble manquer, ne voyez-vous pas des motifs d’espoir ?

Le tabou politique persiste mais le retour du sujet sur le devant de la scène est un bon motif d’espoir car plusieurs personnalités politiques n’hésitent plus à revendiquer une autre vision sur l’avortement. C’est justement cette vision que veut promouvoir la Marche pour la Vie : les 220 000 avortements annuels ne sont pas une fatalité. Il faut faire prendre conscience au plus grand nombre que l’avortement concerne les mères, mais aussi les pères, puis l’entourage familial et amical, jusqu’au cercle professionnel proche. Elle veut ainsi dénoncer cette démission collective, dont la société entière porte une grande responsabilité. Le succès de notre campagne de communication « IVG tous concernés » est très prometteur pour les années à venir. On a certes touché le fond mais une prise de conscience très large fait surface. Une génération se ­lève. Il ne faut jamais désespérer !

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