Il y a quelques années, Jean-Paul Bouillon offrait un beau livre d’introduction à l’art religieux de Maurice Denis et à sa source spirituelle – un christianisme aussi robuste que réaliste pour qui « la vision sans l’Esprit est vaine. La peinture est un art essentiellement religieux ». Il notait qu’il s’exprime dans la chapelle qui est au cœur de la demeure du peintre, aujourd’hui Musée Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye. C’est là qu’à partir de 1915, le peintre, marqué par la guerre et la santé déclinante de son épouse, commença à peindre les stations du Chemin de Croix. Il les peignit à hauteur de regard, dans des demi-ovales. Le style nabi dont il est un des fondateurs est ici des plus épurés, la couleur domine, qui se fait avant tout lumière, tantôt vive, tantôt blafarde.
Paule Amblard offre pour chacune de ces peintures, présentées d’abord dans leur entier puis dans un détail mis en valeur et saisissant souvent le visage du Christ en sa Passion, un commentaire qui est le fruit d’une longue méditation à la fois des Évangiles et de la propre méditation picturale de ceux-ci par Maurice Denis. Il permet d’accompagner pas à pas Jésus avec une intensité concrète. Si tous, loin s’en faut, ne peuvent venir à la messe annuelle célébrée dans la chapelle de ce Chemin de Croix, ce livre nous permet désormais de le suivre avec le double commentaire d’un grand peintre et d’un auteur spirituel.
Paule Amblard, Maurice Denis, Le Chemin de Croix de Jésus, Artège, 70 p., 15, 90 €.