Le choix souverain de Benoît XVI

Publié le 19 Fév 2013
Le choix souverain de Benoît XVI L'Homme Nouveau

Ils sont tellement surpris qu’ils n’en reviennent pas. « Ils », ce sont tout simplement les nombreux commentateurs médiatiques de l’acte posé par le Pape Benoît XVI le lundi 11 février, en la fête de Notre-Dame de Lourdes et en la Journée mondiale du malade.

Certes, nous avons tous été surpris. Qui pourrait le nier ? Mais ce n’est pas tant la surprise qui compte maintenant que les conséquences que l’on en tire. De Franz-Olivier Giesbert qui titre son éditorial du Point « Miracle au Vatican » à l’intellectuel catholique (de gauche) Jacques Julliard qui en appelle, à la fin du sien, à un « Obama » pour l’Église, on ne compte plus la projection de leurs petites lubies mondaines sur ce moment de la vie de l’Église. Il faudrait avoir le temps d’enfiler des perles pour relever les platitudes que ces hommes en place et en cours, bien installés dans le fauteuil de leur réputation et de leur suffisance, distillent comme un magistère infaillible de dogmes mondains. Mais comme l’écrivait G.K. Chesterton : « Il y a deux sortes de gens dans le monde : les dogmatiques conscients et les dogmatiques inconscients. J’ai quant à moi toujours trouvé que les dogmatiques inconscients étaient, de loin, les plus dogmatiques. »

Pour les uns comme pour les autres, le geste de Benoît XVI montre à la fois une Église à bout de souffle, une fin de règne et une incapacité à faire face aux défis de l’heure. Comme la contradiction ne les empêche nullement d’empocher leur salaire, voire les deniers de la trahison pour ceux qui professent appartenir encore au catholicisme, ils n’hésitent pas à clamer également, sur le même ton docte, que par cette renonciation d’un pape l’Église entre enfin dans l’ère démocratique. Jacques Julliard se tortille ainsi d’aise pour saluer la fin de « l’idolâtrie » du Pontife romain. Plus prudent, Franz-Olivier Giesbert invite à ne pas se concentrer sur la seule Église en Occident, effectivement en mauvais état, mais à scruter plus largement les parties du monde où la foi catholique est vigoureuse et ardente. Ce qui ne l’empêche pas de regarder lui aussi l’avenir avec un rétroviseur en appelant à la rescousse un pamphlet de Julien Green datant des années vingt et qui s’appliquait à l’état du christianisme en France.

Cendres 1

Depuis plus de deux mille ans que l’Église vit, nos bons apôtres de la mondanité voient dans la démocratisation sa voie de rédemption. Hors de la démocratie, point de salut ! Cet adage ne cesse pourtant de se fracasser contre la réalité. C’est la démocratie moderne qui patine depuis un certain temps, incapable de répondre aux défis de l’époque. Et, c’est l’Église qui a su installer en son sein, depuis longtemps des formes de démocraties tempérées. Les monastères et les communautés religieuses n’ont ainsi pas attendu les éditorialistes d’aujourd’hui pour s’appuyer sur le vote. Et que dire du choix du Souverain Pontife qui repose, lui aussi, sur une élection.

À ceux qui voient dans la décision de Benoît XVI une révolution dans l’Église et l’installation d’un nouveau mode de gouvernance papale, soulignons seulement que cette décision répond à un choix souverain du Saint-Père, un choix non démocratique et qu’il ne change pas de soi le droit de l’Église. La renonciation restera, à partir du 1er mars prochain, prévue comme une possibilité du droit canon. Pas comme une obligation ! C’est au nom de la souveraineté universelle inhérente à sa charge que Benoît XVI a pu prendre cette décision et jouer encore sur le paradoxe du christianisme qui échappe décidément aux yeux du monde. 

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseSynode sur la synodalité

La synodalité dans la tourmente

Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques depuis 2019, se confiait le mois dernier sur le synode et les intentions du Pape pour ce dernier. Il s'est notamment exprimé sur les couples homosexuels et le diaconat féminin, rappelant l'attachement du pape François à la théologie du peuple.

+

synod
A la uneEgliseLiturgie

Pour la liberté entière de la liturgie traditionnelle, en vue du redressement de l’Église

Jean-Pierre Maugendre, Directeur général de Renaissance catholique, propose une campagne internationale pour la liberté entière de la liturgie traditionnelle. Malgré la déchristianisation croissante de la société et la crise de l'Église, il rappelle que celle-ci peut renaître par le biais de la liturgie traditionnelle, dont la sûreté doctrinale et la transcendance ont sanctifié ceux qui nous ont précédés pendant des siècles, et contribuent encore à de nombreuses conversions. À condition de lui redonner une liberté pleine et entière, et non pas seulement une tolérance restrictive. 

+

liturgie traditionnelle
ChroniquesEgliseLiturgie

La Pause liturgique : Sanctus 5, Messe Magnæ Deus potentiæ (Mémoires des Saints)

Ce Sanctus du 4e mode a quelque chose de mystique et de majestueux, dans sa simplicité. Il alterne heureusement les formules neumatiques et les passages syllabiques, les progressions par degrés conjoints et les intervalles de tierce, de quarte ou même de quinte, les élans vers l’aigu et les détentes vers le grave. Ce Sanctus a la particularité de n’être représenté que par une seule source manuscrite, allemande, datée de la toute fin du XIIe siècle.

+

alleluia