Le mois de Marie en famille

Publié le 13 Mai 2023
mois de marie

La consécration du mois de mai à la Sainte Vierge engage les familles chrétiennes à un élan de dévotion mariale. Du désir à la pratique concrète, il y a souvent un fossé. Voici donc quelques conseils pratiques pour bien vivre ce temps de grâce.

 

La pratique du Mois de Marie est issue de dévotions populaires observées ça et là dans l’histoire de l’Europe chrétienne et encouragée par quelques personnages illustres tels le roi Alphonse X de Castille au XIIème siècle ou encore le mystique rhéno-flamand Henri Suso au XIVème siècle.

Généralisée au XVIIIème siècle, elle finit par être gratifiée par l’encouragement officiel du pape avec Pie VII qui y attache 300 jours d’indulgence le 21 mars 1815 puis l’indulgence plénière le 18 juin 1822 : dès lors l’affection de la papauté pour cette dévotion ne sera jamais démentie, bien au contraire.

Mais pris dans la tourmente de la vie active et de la routine, beaucoup de familles désireuses de se sanctifier n’en passe pas moins le mois de mai sans avoir réellement eu égard à la Mère de Dieu : souvent les moyens les plus simples n’en pas moins les meilleurs.

Un environnement marial

Les drapeaux sont mis en berne pour appeler au deuil national ; les guirlandes lumineuses évoquent les fêtes de Noël et du nouvel an ; la table bien parée et les plats raffinés sont justifiés pour les fêtes et les anniversaires ; le dépouillement des sanctuaires pendant le carême contribue à l’esprit de pénitence et d’ascèse… Alors, pourquoi le mois de Marie n’imprimerait-il pas sa marque dans nos maisons ? Il faut commencer par là ! Par heurter le regard, contrarier les habitudes car si toute connaissance passe par les sens, toute résolution spirituelle sera aidée si elle est rappelée et induite par des éléments sensibles.

Par exemple, l’image ou la statue de la Vierge dans le coin de prière peut être honorée d’un bouquet de fleurs ou de bougies supplémentaires ; une autre représentation peut être mise exceptionnellement dans l’entrée en évidence ; les enfants peuvent porter une médaille spéciale … Le but est de créer un environnement marial susceptible de porter vers Marie et de penser à Elle.

Marquer le coup

Il faut privilégier la qualité sur la quantité. Nous reviendrons sur le chapelet mais il est souvent présomptueux de croire qu’il pourra être récité in extenso à la prière du soir en famille à moins que cela ne soit déjà une habitude à l’année : l’ennui des enfants portés du coup à l’indiscipline risque de leur faire associer « chapelet » avec « tension » et « punition ».

Il vaut mieux « marquer le coup » par l’usage d’un cantique appris pour l’occasion, la récitation d’une nouvelle prière ou des litanies de Notre-Dame de Lorette. A ce sujet, il est bon de rabâcher que le beau (belle musique, beaux chants, belles image) est l’éclat du vrai.

Pour un mécanisme du chapelet

Mais attention ! Il ne faut pas pour autant capituler au sujet du Rosaire. Certes, la pratique du chapelet quotidien impressionne et les bonnes résolutions sont souvent sans lendemains. Velléité, diront certains : ce n’est pas sûr. En tout cas, il ne faudrait pas céder à l’injonction trop facile du « y’a qu’à, faut qu’on ».  Peut-être n’arriverez pas à l’instaurer d’un coup, mais l’important est de progresser.

Comment ? En créant des mécanismes pour vous, et surtout pour vos enfants. Si le mois de mai est l’occasion de prendre l’habitude de réciter ne serait-ce qu’une seule dizaine en allant à l’école ou lors de la prière personnelle du matin ou du soir par exemple, vous n’aurez pas perdu votre temps.

De mécanismes en mécanismes, années après années, vous aurez fait bien plus que de réussir ce qui pourrait vous sembler être une prouesse à savoir d’avoir tenu pendant tout un mois mais vous aurez ancré, familiarisé vos enfants avec le chapelet et ce pendant toute l’année : cela sera pour eux une force inestimable.

Finaliser

« Le dire c’est bien, le fer c’est mieux » dirait Bourvil. Mais, faut-il vraiment une volonté d’acier ? Le volontarisme n’est jamais une bonne attitude. Oui, quand on veut on peut, mais quel gâchis quand on peut savoir pourquoi. Il y a sans doute un devoir d’obéir à l’Eglise qui encourage et même enjoint à une pratique, mais il ne faut pas oublier que – si on suit saint Thomas d’Aquin – le siège de l’obéissance n’est pas dans la volonté mais dans l’intelligence.

Notre obéissance doit d’abord être filiale et non servile : c’est donc à partir du moment où nous faisons confiance en l’Eglise notre mère que nous savons que c’est pour notre bien qu’elle nous engage et que nous nous soumettons de bonne grâce. Pour aller plus loin, il est louable de faire sienne l’expérience de l’Eglise : la lecture d’ouvrages sur la dévotion mariale ou donnant le récit d’apparitions n’est pas forcément une option.

Au passage, il existe suffisamment de « belles histoires » au sujet de Marie pour agrémenter les lectures du soir pour les petits.  Mais avant tout il est obligatoire de finaliser votre mois de Marie : prier pour un membre de votre famille (avec sa photographie placée devant l’image de la Madone) ; confier les examens à venir de l’un, la vocation de l’autre, etc. (avec l’intention écrite sur un bout de papier ou un cahier spécial) ; demander l’établissement ou le renforcement d’une vertu particulière.

Une question d’envie

« Qu’on me donne l’envie. L’envie d’avoir envie » chantait Johnny. Finalement, c’est peut-être la seule question qui vaille : en ai-je vraiment envie pour moi, pour mes enfants ? Il faut faire confiance, comprendre, savoir que c’est possible et même sûr, mais d’abord en avoir le désir. Le désir de se laisser guider par la Vierge vers son Fils car c’est là son rôle. Le mois de Marie est l’occasion ou jamais !

 

A lire également : Notre quinzaine : France, royaume de la Vierge Marie

Chanoine Alexis d’Abbadie +

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