Le pape dénonce la mafia : une logique de l’argent toujours perdante.

Publié le 02 Oct 2018
Le pape dénonce la mafia : une logique de l'argent toujours perdante. L'Homme Nouveau

Le Pape vient d’accomplir un petit voyage à Palerme, en Sicile pays de la mafia. S’appuyant sur les paroles, l’exemple et l’œuvre du Père Pino, il a donné, le 15 septembre, une synthèse de la doctrine sociale de l’Église, s’appuyant fortement sur les connaissances qu’il a acquises en Amérique Latine et qui déconcertent quelque peu nos vieux atavismes européens. Il argumente sa pensée autour de deux versets de saint Jean, l’un de sa première épître : « la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi », et l’autre de l’Évangile : « Qui aime sa propre vie, la perdra ». 

Les paroles du Seigneur sont souvent en contraste les unes des autres. Bien sûr, il ne s’agit pas de refuser la vie. Le combat que nous devons mener ne porte pas sur la vie elle-même, mais bien sur notre propre vie, c’est-à-dire que jusqu’à notre mort, nous devrons combattre l’égoïsme. Celui qui vit uniquement pour lui, plaît au monde et non à Dieu. Mais les apparences sont trompeuses et en définitive l’égoïste court à sa perte, quoiqu’en dise l’ambiance délétère des publicités et des médias. 

Mais le Pape pose une question : pourquoi Jésus a-t-il condamné si vivement l’égoïsme ? Tout simplement parce qu’il demeure le principal ennemi de toute vie intérieure, alors que le don de soi au contraire donne son vrai sens à la vie. Commençons par nous transformer nous-mêmes, avant de vouloir transformer les autres. Le saint n’est pas fier de lui en s’occupant d’abord de sa sainteté qui devient ensuite contagieuse. N’ayons pas peur de devenir des saints, et rapidement. Cela n’exclut pas, au contraire de se sanctifier communautairement.

Nous devons donc choisir entre l’amour dans ses deux composantes, ou sinon l’égoïsme qui ouvre grandes les portes au diable qui fait alors croire que tout va bien, alors qu’au contraire l’égoïste glisse sur la pente de la damnation. Hélas, comme le dit le Pape à sa façon imagée : l’« égoïsme est une puissante anesthésie ». Celui qui s’y adonne ne portera jamais de fruits, ou s’il en porte ce ne sera qu’une apparence superficielle, le grain étant mort dans la terre. Le Pape sait qu’il s’agit d’un paradoxe et lui-même pose la question de l’adversaire, qui n’est pas sans ressembler aux arguments des amis de Job : « Mais enfin, ce que vous dites s’avère complètement contredit par les faits et la réalité. À quoi sert de s’occuper des autres et d’avoir toujours la main tendue ? S’aimer soi-même apparaît tout à fait logique humainement ». En réalité, clos sur soi-même, cet amour est un pur mirage. Le commandement de l’amour associe l’esprit de service à l’humilité reine des vertus. C’est bien le paradoxe de Jésus à la fois Dieu et roi, mais aussi homme et serviteur souffrant.

Et nous aussi, nous avons le même choix à faire : vivre pour soi avec la main fermée ou donner la vie avec la main ouverte. Et pour être plus crédible, le Pape joint les gestes à ses paroles. Il condamne alors fortement la mafia, en affirmant fortement que le combat qu’on fera contre elle doit se placer dans la logique de Dieu et non dans celle de l’argent. Souvenons-nous que, malgré les apparences alléchantes, la logique de l’argent est en réalité toujours perdante. Pourquoi ? Parce qu’elle entraîne toujours dans la spirale du vol. Plus on a, plus on veut. L’argent est un esclavage terrible et une drogue meurtrière. Par contre celui qui aime se retrouve lui-même dans le service accompli généreusement et qui devient pour lui source d’une joie inaltérable. Certes, ce combat peut conduire au martyre, si Dieu le voulait. Ne recherchons pas le martyre, mais avec Marie, soyons prêts. Pour cela cultivons la joie et n’épargnons jamais nos sourires.

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