Ce 2 mars est un double anniversaire pour le pape Pie XII : celui de sa naussance et celui de son élection pontificale. L’occasion de revenir sur plusieurs ouvrages publiés sur ce pape. De valeurs inégales, ces biographies mettent l’accent sur tel ou tel aspect de la riche personnalité de Pie XII. Parmi elles, celles de Pierre Milza ou de Gordon Thomas méritent une analyse plus approfondie.
Des livres sur Pie XII paraissent régulièrement, en diverses langues. Certains apportent des lumières nouvelles sur tel ou tel aspect, d’autres sont décevants parce qu’ils ne prennent pas la mesure de pontificat qui aura duré près de vingt ans. Le Secret de Pie XII de Gordon Thomas, historien de l’espionnage, appartient à la première catégorie parce qu’il met en lumière, comme l’indique son sous-titre, « le réseau secret du Vatican pour sauver les Juifs de Rome ». Le Pie XII de Pierre Milza relève, hélas, de la seconde catégorie.
Manque de connaissance
Milza, ancien professeur à l’École des Sciences politiques, est un spécialiste de l’Italie contemporaine et de l’Histoire des relations internationales. L’Histoire de l’Église lui est très largement étrangère comme il le reconnaît (p. 445). Ce qui le conduit à commettre un nombre vraiment trop élevé de bourdes et d’erreurs et à présenter de façon obscure certains faits ou situations.
Sans s’attarder à faire une critique point par point de ce livre, on peut relever sa thèse centrale : « montrer combien a joué sur le prélat son attachement viscéral à sa Rome natale, combien son ascétisme et son mysticisme ont pesé sur l’Histoire ». Le futur Pie XII appartenait à ce qu’on appelait la « noblesse noire », au service des papes de génération en génération. Son père, Filippo, était avocat à la Rote romaine et avocat consistorial. Un de ses cousins, Ernesto, eut un rôle important dans les finances pontificales sous Léon XIII. Son frère, Francesco, lui aussi avocat consistorial, sera un des principaux négociateurs des accords du Latran qui ont réglé la « Question romaine » en 1929. Mais la romanité d’Eugenio Pacelli ne fut pas que géographique et historique. Elle était aussi spirituelle et doctrinale, ce que ne perçoit pas du tout Pierre Milza. Il y a eu, à partir du milieu du XIXe siècle, donc à partir du…