Ce chef-d’œuvre de Matthias Grünewald (1475/1480-1528), conservé au musée de Colmar est en pleine restauration, qui s’effectue par étapes sur plusieurs années. L’achèvement est prévu en 2021. Ce délicat nettoyage révèle les couleurs splendides de cette réalisation hors norme. Lors de la visite de ce musée, il est toujours possible de contempler ce retable sur lequel travaillent les restaurateurs. Minutieusement, ils amincissent les vernis jaunis qui ternissent les couleurs puis refixent, quand cela est nécessaire, la couche picturale. Quant aux sculptures du retable réalisées par Nicolas de Haguenau, elles sont revues au Centre de recherche et de restauration des musées de France. C’est la première fois que l’ensemble de ce retable est restauré.
Il fut à l’origine créé pour le maître-autel de l’église de la commanderie des Antonins d’Issenheim, petite ville non loin de Colmar, où les malades atteints d’ergotisme venaient se faire soigner. Il est resté en ce lieu jusqu’à la Révolution où il fut transporté à Colmar pour échapper à sa destruction. En 1852, il est transféré dans l’église de l’ancien couvent des dominicaines devenu musée d’Unterlinden.
Le retable fermé donnait à contempler aux malades et aux pèlerins une très impressionnante Passion du Christ, peinte dans sa dimension la plus douloureuse, que Huysmans décrivait comme un « effroyable cauchemar ». Puis, selon les fêtes liturgiques, d’autres volets étaient ouverts. Celui qui présente la Résurrection, dynamique et rayonnante, témoigne du génie de ce peintre par son originalité et sa dimension mystique. Le Christ vivant, le visage paisible et souriant, surgit de son tombeau, ouvrant ses bras aux mains blessées. Un cercle lumineux auréole son corps flottant dans l’espace tandis que les soldats près du tombeau sont renversés à terre.
Une œuvre bouleversante dont on attend avec impatience la fin de la campagne de restauration. À voir !