Le sang des martyrs : un véritable acte d’amour

Publié le 03 Jan 2024
martyr saint Étienne

Lapidation de saint Étienne, Skoufos (c. 1645-1685). Antivouniotissa Museum © ChristianeB

Au lendemain de Noël, le 26 décembre, était célébrée la fête de saint Étienne, premier martyr chrétien. À l’occasion de l’angélus, le Pape a rappelé l’importance des martyrs et leur fécondité toute particulière hier comme aujourd’hui, pour l’Église et le monde.

 

Profitant de la fête du promartyr saint Étienne, le Pape, après avoir évoqué le récit de son martyre décrit au chapitre VII des Actes, a rappelé, lors de l’angélus du 26 décembre 2023, l’importance pour l’Église du sang des martyrs et le sens de la persécution acceptée en union étroite avec la Passion et la Croix du Christ. Il est bon avec le Pape de rappeler ces grandes vérités.

Le martyre est d’abord et avant tout un grand acte d’amour en réponse à l’immense amour de Dieu. Le martyr est un vrai pacifique prêt à se sacrifier pour défendre et témoigner de sa foi. Il n’a donc rien à se reprocher. Sa condamnation à mort demeure une injustice et sa mort violente, du côté du bourreau, un assassinat. A priori, sa mort semble un échec.

Dans un autre contexte, Benoît XVI parlait admirablement de cet apparent échec :

« Dieu n’échoue pas. Ou, plus exactement: initialement, Dieu échoue toujours, il laisse exister la liberté de l’homme et celle-ci dit toujours “non”. Mais l’imagination de Dieu, la force créatrice de son amour est plus grande que le “non” humain. À travers tout “non” humain, est donnée une nouvelle dimension de son amour, et Il trouve une voie nouvelle, plus grande, pour réaliser son oui à l’homme, à son histoire et à la création. »

 

La couronne du martyre

Cette fois, le Pape ne parle pas de la persécution à gants blancs, comme il l’a fait dans d’autres occasions. Mais cette double persécution évoque en nous les deux couronnes vues en songe par saint Maximilien-Marie : la blanche de la virginité et la rouge du martyre sanglant. Le martyre est semence de chrétiens. La sainteté est liée à la Croix, toujours féconde dans les saints.

L’histoire de la sainteté s’est identifiée dans ses débuts avec les martyrs qui ont transmis la doctrine de vie et à ce titre peuvent d’une certaine façon être considérés comme les pères des chrétiens. Alors, comme encore aujourd’hui, on distingue une double paternité : la paternité charnelle et la paternité spirituelle, transmission de doctrine, de lumière et de vie, car le martyre est par définition un témoignage, jusqu’au sang versé, de la vérité et de l’amour.

La paternité des martyrs se réalise dans la logique de leur amour du Christ et de l’Église jusqu’au bout. Pie IX, disait à des pèlerins venus pour la canonisation de Benoît Labre en 1873 :

« Dieu a protégé son Église au commencement, parce que, au moment où la rage des tyrans sévissait contre elle, il opposait à leur cruauté la constance des martyrs, cette constance qui faisait renaître la force et la vigueur dans les cœurs timides et faibles, et multipliait en même temps le nombre des disciples de Jésus-Christ. »

 

Des martyrs de plus en plus nombreux

Les moines anciens se considéraient comme les continuateurs des martyrs des premiers siècles. Les martyrs modernes ne remplacent-ils pas un peu les moines devenus si peu nombreux ? Notre siècle ténébreux est surtout celui de ses martyrs lumineux. Les conflits mondiaux les ont multipliés : il y a ceux du nazisme et ceux des totalitarismes communistes et maintenant ceux de l’islam comme au Nigeria ou de l’hindouisme comme aux Indes ou au Sri Lanka.

La multiplication des martyrs rappelée par le Pape nous fait penser que, contrairement aux apparences, notre monde s’ouvrira à la lumière. Les faux docteurs pullulent aujourd’hui, mais ils ne sont que cymbales retentissantes et inutiles. L’inflation de leurs idées édulcore le sens du vrai et rend sceptique. Seule la sainteté et le martyre sont capables de convaincre les cœurs droits et de les unir.

Que Marie nous aide à bien répondre aux questions du Pape : est-ce que je pense aux martyrs d’aujourd’hui ? Est-ce que je crois que la semence du bien portera du fruit, même si je ne vois pas des résultats immédiats ?

 

>> à lire également : Pourquoi le génie français devrait-il être cartésien ?

Un moine de Triors

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