Nous continuons ici l’approfondissement de la théologie touchant le ministère pétrinien, toujours à partir de l’œuvre du cardinal Charles Journet.
« Dans la perspective catholique, quand Pierre arrive à Rome, il est, par la promesse irrévoquée et toute-puissante de son Maitre, le fondement qui a pour raison de soutenir l’Église contre les assauts de l’enfer, l’intendant du Royaume des cieux, le pasteur visible, en l’absence du Christ, de ses agneaux et de ses brebis, bref le vicaire du Christ sur la terre, le dépositaire d’un pouvoir transapostolique sur l’Église universelle.
Quand donc il vient à Rome pour y fixer non seulement sa résidence, mais son siège, sa chaire, comme Jacques avait fixé la sienne à Jérusalem, le pontificat romain particulier sera résorbé dans le pontificat transapostolique universel, en sorte que c’est le même pontife qui sera désormais, par un seul pontificat, pontife romain et pontife universel. En joignait ensemble indissolublement le pontificat romain et le pontificat universel, Pierre indiquait à l’Église future, par un caractère précis, où serait la chaîne de ses successeurs.
Notons-le, autre chose est la résidence, autre chose le siège. La résidence peut être transportée ailleurs, comme elle le fut en Avignon. Le pape, en droit, resterait évêque de Rome même détruite.
Que Pierre soit venu à Rome et y soit mort martyr, c’est un fait historique que les historiens des origines chrétiennes ne cherchent plus à mettre en doute. Mais la jonction indissoluble du pontificat romain et du pontificat universel est en outre, pour le croyant, un fait dogmatique, relevant d’une certitude supérieure. Nous savons que, même si Pierre n’était jamais venu à Rome, il pouvait, où qu’il se trouvât, reporter sur le siège de Rome le pontificat transapostolique de l’Église universelle. Ce qui est en cause, Soloviev l’a bien vu, c’est « la transmission spirituelle et mystique du pouvoir souverain » au siège de Rome. »
Extrait de Théologie de l’Église, cardinal Charles Journet, Desclée, pp. 163-164, 1987.