Je n’ai pas grand chose d’original à dire sur notre bien aimé Pape émérite Benoît XVI. Comme tout le monde, j’aimerais louer son humilité, sa douceur, sa clairvoyance, sa puissance théologique, sa piété…
Certains temps forts demeurent dans mon cœur :
· le merveilleux discours aux Bernardins (12 septembre 2008) ;
· la soirée d’adoration aux JMJ de Madrid : la tempête et le grand silence;
· la série d’enseignements sur la prière, lors des audiences générales du mercredi ;
· le grand bol d’oxygène liturgique offert par le motu proprio du 9 septembre 2009 (Summorum Pontificum) ;
· la merveilleuse lettre du 8 février 2022, en réponse aux accusations : « Il est nécessaire qu’à ces paroles de remerciement suive maintenant une confession. Je suis à chaque fois plus profondément touché que jour après jour, l’Église mette au début de la célébration de la Sainte Messe – au cours de laquelle le Seigneur nous donne sa Parole ainsi que Lui-même – la confession de notre faute et la demande de pardon. Nous prions publiquement le Dieu vivant de pardonner notre faute, notre grande et très grande faute. Il est clair que les mots “très grande” ne s’appliquent pas de la même manière à chaque jour, à chaque jour particulier. Mais chaque jour je me demande si, aujourd’hui, je ne devrais pas parler d’une très grande faute. Et il me dit d’une manière consolante que, aussi grande que puisse être ma faute aujourd’hui, le Seigneur me pardonne si je me laisse scruter par lui en toute sincérité et si je suis réellement disposé à me changer moi-même. »
· enfin, plus personnellement, la longue lettre qu’il m’a adressée il y a moins d’un an, à l’occasion de ma bénédiction abbatiale (cf. l’entretien dans La Nef de décembre, version informatique).
J’ai demandé à mes moines s’il y a des points à ajouter, et deux d’entre eux ont voulu souligner ce qui suit et que je suis heureux de relayer.
Le premier :
Concernant Benoît XVI, ce qui me marque le plus, c’est l’attention que ce grand homme porte aux petits. Il a plusieurs fois dit sa joie d’être né le jour du natalis de sainte Bernadette. D’autre part, durant son voyage apostolique en France en 2008, il y a eu deux événements particulièrement suggestifs de ce point de vue :
· Le 13 septembre, avant la messe aux Invalides, Benoît XVI a parcouru lentement, en papamobile, une grande avenue sur les bords de laquelle se pressait la foule. À un moment, en voyant une maman tendant son bébé, il a fait signe. La papamobile s’est arrêtée, un des « gorilles » qui accompagnaient la voiture a pris le bébé et l’a passé à Benoît XVI dans la papamobile. Le Saint Père l’a gardé un moment sur ses genoux, avant de le rendre à sa maman.
· D’autre part, le 15 septembre (fête de Notre-Dame des Sept Douleurs), sur l’esplanade de la basilique de Lourdes, Benoît XVI a célébré une messe spécialement pour les malades. Au cours de cette messe, il a prononcé une homélie merveilleuse de douceur et de force à la fois, sur le sourire de Marie. Voici un extrait (que j’ai voulu citer dans notre thèse) : « Ici à Lourdes, au cours de l’apparition qui eut lieu le mercredi 3 mars 1858, Bernadette contempla de manière toute particulière ce sourire de Marie. Celui-ci fut la première réponse que la Belle Dame donna à la jeune voyante qui voulait connaître son identité. Avant de se présenter à elle, quelques jours plus tard, comme “l’Immaculée Conception”, Marie lui fit d’abord connaître son sourire, comme étant la porte d’entrée la plus appropriée à la révélation de son mystère. Dans le sourire de la plus éminente de toutes les créatures, tournée vers nous, se reflète notre dignité d’enfants de Dieu, cette dignité qui n’abandonne jamais celui qui est malade. Ce sourire, vrai reflet de la tendresse de Dieu, est la source d’une espérance invincible. […] Qui pourrait nous être plus intime que le Christ et sa sainte Mère, l’Immaculée ? Plus que tout autre, ils sont capables de nous comprendre et de saisir la dureté du combat mené contre le mal et la souffrance. […] Dans le sourire de la Vierge se trouve mystérieusement cachée la force de poursuivre le combat contre la maladie et pour la vie. Auprès d’elle se trouve également la grâce d’accepter, sans crainte ni amertume, de quitter ce monde, à l’heure voulue par Dieu. Comme elle était juste l’intuition de […] dom Jean-Baptiste Chautard, qui, dans L’Âme de tout apostolat, proposait au chrétien ardent de fréquentes “rencontres de regard avec la Vierge Marie” ! Oui, quêter le sourire de la Vierge Marie n’est pas un pieux enfantillage […]. En cette manifestation toute simple de tendresse qu’est un sourire, nous saisissons que notre seule richesse est l’amour que Dieu nous porte et qui passe par le cœur de celle qui est devenue notre Mère. Quêter ce sourire, c’est d’abord cueillir la gratuité de l’amour ; c’est aussi savoir provoquer ce sourire par notre effort pour vivre selon la Parole de son Fils bien-aimé, tout comme un enfant cherche à faire naître le sourire de sa mère en faisant ce qui lui plaît. Et nous savons ce qui plaît à Marie grâce aux paroles qu’elle adressa aux serviteurs à Cana : “Faites tout ce qu’il vous dira” (cf. Jn 2,5) » (Benoît XVI, Homélie à Lourdes, 15 sept. 2008 : DC n° 2409 (2008), p. 867-868).
Un autre moine souligne l’espérance du Pape, qui répétait que « Dieu n’échoue pas » (6 novembre 2006, 8 septembre 2007)
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