Le Grand Siècle au féminin, de Marie-Joëlle Guillaume, est l’œuvre d’une passionnée du XVIIe siècle déjà auteur, entre autres, d’un magnifique Pour Dieu et pour le Roi, et d’une biographie historique, Vincent de Paul, un saint au Grand Siècle, pour laquelle elle a reçu le Grand Prix catholique de littérature en 2016. Agrégée de lettres classiques, elle parle avec enthousiasme, bonheur et finesse de ces femmes qui surent modeler leur siècle.
Vous signalez dans votre préface une « fréquentation longue et passionnée » du XVIIe siècle de votre part. Qu’est-ce qui vous attire vers cette époque, dont vous dites qu’elle a beaucoup à nous apprendre ?
Avant tout, la hauteur d’âme. Un historien comme Daniel-Rops a parlé du Grand Siècle comme du « grand siècle des âmes ». On y respire à une certaine hauteur – à hauteur d’exploit d’abord, dans la première moitié du siècle, chevaleresque, héroïque, avec une vision assez romanesque de la vie ; et par ailleurs, dans la seconde moitié du siècle, une hauteur d’analyse marquée par l’esprit de saint Augustin, une volonté d’aller en profondeur dans l’analyse du cœur humain. Cette période, qu’on a pu appeler « l’âge de la conversation », durant laquelle la vie mondaine atteint un degré de qualité d’échanges et de civilisation important, n’oublie jamais le spirituel. Ces gens du XVIIe ’siècle ne sont pas meilleurs que nous, grands pécheurs devant l’Éternel ; mais les élites – car ce sont les élites sociales dont il est question à propos de la culture, la noblesse, la haute magistrature – possèdent certes un orgueil de caste mais, profondément, pas d’orgueil humain. Si bien que le jour où elles retrouvent le chemin de la grâce, leurs conversions spectaculaires marquent leur entourage. Ce qui me plaît dans ce siècle, c’est cette respiration, cette unité aussi, chez les meilleurs d’entre eux – et, s’agissant de mon dernier livre, d’entre elles