Les attentats de début janvier à Paris ont relancé par ricochet le débat sur l’école. Issus de l’intégration républicaine, les islamistes à l’œuvre contre Charlie Hebdo ou l’hyper-casher de Vincennes ont démontré l’échec de l’école républicaine. C’est pourtant vers un durcissement de la « religion républicaine » que se tournent aujourd’hui les pouvoirs publics voyant dans l’école le bras séculier chargé de transmettre les valeurs de la laïcité à travers un renforcement de l’autorité. Un dessein voué à l’échec.
Après les attentats de début janvier, et face aux réactions contrastées de certains élèves à la minute de silence organisée dans les établissements scolaires, un débat est né sur la nécessité de nouvelles mesures visant à renforcer l’autorité à l’école. Les auteurs des attentats étant de purs produits de « l’intégration républicaine » dont l’école est le creuset, il est légitime que l’Éducation nationale soit interpellée sur sa part de responsabilité dans l’échec de cette politique. Certains ont proposé de renforcer l’enseignement de la laïcité, d’autres que les élèves se lèvent à l’entrée du professeur ou encore que les blouses d’antan reprennent du service, etc.
Retour historique
Il convient de revenir rapidement sur la spécificité de l’école dans l’histoire républicaine pour saisir la profondeur de la crise que nous avons à trancher.
Edgar Quinet (1803-1875) peut nous introduire à l’intelligence de cette spécificité (1). Dans L’Enseignement du peuple, publié lors des débats de la loi Falloux (1850), il théorise la nécessité d’une école laïque, obligatoire et gratuite, seul moyen d’assurer la pérennité d’un régime jusque-là incapable de s’enraciner dans le peuple français. Quinet considère que tout régime politique est dépendant d’une forme religieuse et que la République ne peut se développer sur un terreau catholique. Dès lors comment effectuer une révolution religieuse permettant de lui donner une assise adéquate ?
La nouvelle religion
Conscient qu’une telle affaire ne se décrète pas et que n’est pas Luther qui veut, il propose, dans ce qui deviendra le livre de chevet de Jules Ferry, un substitut à cette religion nouvelle introuvable : l’école. Celle-ci doit devenir le moyen d’instituer un régime niant toute référence au catholicisme. L’école doit être le lieu où le peuple s’enseigne lui-même en…