L’Église face au nazisme et au fascisme (II)

Publié le 15 Fév 2024
fascisme mussolini

Discours de Mussolini à Milan en mai 1930. © Bundesarchiv, Bild 102-09844 / CC-BY-SA 3.0

Lettre Reconstruire n°33 Parmi les tentations totalitaires, le fascisme vient historiquement avant le nazisme (cf. Reconstruire n° 32) et n’a pas exactement connu les mêmes dérives odieuses. Pour autant, il s’insère bien dans une conception non chrétienne de l’homme et de l’État, qui doit tout à la modernité. Cette synthèse du professeur argentin Carlos Sacheri (1933-1974) est extraite de son livre (non publié en français) El Orden natural (1975). Rappelons que l’auteur, docteur en philosophie, membre de la Cité catholique d’Argentine, a été assassiné sous les yeux de sa femme et de ses enfants par des membres de l’Armée argentine du peuple (ERP), branche armée du Parti révolutionnaire des travailleurs (PRT) d’obédience trotskyste.

 

L’essence du fascisme

Le fascisme italien constitue une position plus modérée que celle du nazisme et présente des différences importantes par rapport à ce dernier. Tout d’abord, Mussolini a sérieusement combattu le communisme et sa stratégie internationale. Deuxièmement, le fascisme ne s’est pas engagé dans le racisme et les attitudes racistes. Son nationalisme se limitait à la défense des intérêts de l’Italie et à la récupération des territoires qui lui avaient été enlevés à la suite de la Première Guerre mondiale. Sur le plan idéologique, son régime est fondé sur la base d’une idéologie qui se résout explicitement en une véritable « statolâtrie » païenne, en contradiction ouverte avec les droits naturels de la famille et les droits surnaturels de l’Église (Pie XI). Ce naturalisme d’inspiration socialiste a conduit à l’exaltation de l’État. « Pour le fasciste, tout est dans l’État, et rien d’humain ni de spirituel n’existe et a fortiori n’a de valeur, en dehors de l’État. En ce sens, le fascisme est totalitaire, et l’État fasciste, synthèse et unité de toute valeur, interprète, développe et domine toute la vie du peuple » (La Nación, 30-6-1932. Cf. aussi Benito Mussolini, La Doctrine du fascisme, trad. Charles Belin, Vallecchi, 1938). Dans cette perspective, le gouvernement a pris en charge l’ensemble de l’éducation, en éliminant toutes les organisations d’inspiration religieuse. Il a organisé « verticalement » les syndicats en entités corporatives, en contradiction flagrante avec…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

La Rédaction de Reconstruire

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociétéDoctrine socialeLettre Reconstruire

La Bibliothèque politique et sociale | À propos des quatre vertus cardinales

Lettre Reconstruire | La Bibliothèque politique et sociale | S’appuyant sur Aristote et saint Thomas d’Aquin, Marcel De Corte publiait dans les années 1970-1980, quatre petits livres consacrés chacun aux quatre vertus cardinales (justice, prudence, force et tempérance). Ces ouvrages, toujours disponibles chez leur éditeur DMM, constituent un condensé à la portée de tous.

+

vertus cardinales
À la uneÉditorialDoctrine socialeLettre Reconstruire

Le Christ-Roi : pierre angulaire de la doctrine sociale de l’Église

Lettre Reconstruire n° 41 | Éditorial | Le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait Quas primas, une encyclique consacrée au Christ-Roi. Il y précisait la doctrine de l’Église à ce sujet et instituait une fête liturgique, fixée le dernier dimanche d’octobre. Importante liturgiquement, la royauté du Christ constitue aussi la pierre angulaire de l’enseignement social de l’Église.

+

Christ roi de l'univers christ-roi
À la uneSociété

Une redécouverte fascinante des sculptures médiévales de Notre-Dame

Le musée national du Moyen Âge, à Paris, dévoile à partir de ce mardi 19 novembre une exposition captivante mettant en lumière les découvertes issues des fouilles réalisées à Notre-Dame. Parmi elles, de nombreux fragments restaurés des sculptures des XIIe et XIIIe siècles. Ces œuvres polychromes témoignent de l’incroyable richesse artistique de l’époque médiévale.

+

sculpture
À la uneÉgliseDoctrine sociale

Le Christ est-il roi chez nous ?

L'Essentiel de Thibaud Collin | La doctrine de la royauté sociale du Christ n’a pas très bonne presse, même au sein de l’Église.’ Ses fondements scripturaires et théologiques sont pourtant clairement posés dans le Catéchisme de l’Église’ catholique et avaient été développés par Pie XI dans Quas primas. Mais quelles en sont les conséquences dans une société aussi déchristianisée que la nôtre et dans nos vies quotidiennes ?

+

christ roi