L’Église face au nazisme et au fascisme (I)

Publié le 25 Jan 2024
nazisme fascisme

Berlin, 29 septembre 1937 © Bundesarchiv, Bild 183-C13771 / CC-BY-SA 3.0

Lettre Reconstruire n°32
Après avoir présenté la position de l’Église face au libéralisme, au socialisme et au capitalisme, Carlos Sacheri aborde la question du fascisme et du nazisme, présentés comme des réactions possibles aux dérives des autres idéologies. Ce chapitre, comme les précédents, est extrait de El Orden natural (1975, non traduit en français). Son auteur est tombé sous les balles des révolutionnaires marxistes.

  Parmi les réactions provoquées par la crise de l’idéologie libérale et ses répercussions malheureuses sur l’ordre socio-économique, deux courants idéologiques ont vu le jour dans la première moitié du XXe siècle : le nazisme ou national-socialisme et le fascisme. Tous deux sont issus d’une circonstance historique commune : la crise européenne qui a suivi la guerre de 1914-18 et la crise financière internationale de 1929. En Italie, Benito Mussolini s’est imposé comme le chef du fascisme ; en Allemagne, Adolf Hitler a été celui du nazisme. Compte tenu du caractère que prenait chacun de ces mouvements politiques, l’Église catholique les a condamnés dans deux encycliques du pape Pie XI : Non abbiamo bisogno (1921) contre le fascisme, et Mit brennender Sorge (1937) contre le national-socialisme.  

Caractéristiques communes

Avant d’examiner les nuances distinctives des deux courants, il convient de noter leurs caractéristiques communes. Tout d’abord, les deux idéologies sont des expressions de la pensée socialiste. Hitler et Mussolini étaient tous deux des militants du socialisme avant de former leurs partis respectifs. Leurs principales thèses reflètent clairement l’inspiration socialiste. C’est donc une grande contradiction que d’opposer – comme c’est souvent le cas – le communisme au nazisme et au fascisme, comme des idéologies contraires, car leurs racines philosophiques sont communes : une conception naturaliste et matérialiste de l’homme et de la société ; une hostilité ouverte à l’égard de la religion et de l’Église, une exaltation de l’État et une limitation drastique des libertés essentielles de l’homme. Le nazisme et le fascisme sont deux mouvements de réaction issus de la classe moyenne, principale victime de cette crise susmentionnée. Cette réaction antilibérale a recruté la petite bourgeoisie, une partie de la paysannerie, les artisans et une grande partie des professions libérales. Face à la passivité de l’État libéral qui favorisait l’anarchie, les deux courants ont mis en avant des « gouvernements d’ordre », autoritaires, verticaux, fortement étatistes. (…)  

L’essence du nazisme

Les principales thèses du nazisme…

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La Rédaction de Reconstruire

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