Le 23 novembre, au lendemain de la sainte Cécile, avait lieu le Jubilé des chœurs et des chorales. À cette occasion, Léon XIV a prononcé une homélie sur la beauté et la nécessité du chant liturgique.
Le Pape vient d’écrire une longue lettre apostolique pour le 1700e anniversaire du concile de Nicée. Elle a pour thème l’unité de la foi, principe de l’unité de l’Église.
Avec le pape François aussi bien qu’avec le Pape régnant, nous avons déjà évoqué ce grand Concile. Nous préférons donc commenter l’homélie de la messe que le Pape a célébrée en l’honneur du Christ-Roi, pour le jubilé des chorales, le 23 novembre dernier. La liturgie du Christ est une marche ensemble dans la louange divine. Nous louons Dieu en marchant selon la belle image de saint Augustin.
Il est sûr que l’enseignement de l’Église sur la musique sacrée, et en particulier sur le chant grégorien, est bien oublié malgré le n° 116 de la Constitution conciliaire sur la Liturgie. Le Pape lui-même ne mentionne pas le chant grégorien, mais il demande d’une part que les chœurs soient des prodiges d’harmonie et de beauté et surtout qu’ils étudient les enseignements du magistère qui indiquent « dans les normes conciliaires les normes pour accomplir au mieux le service choral ». C’est une façon plus que voilée de parler du chant grégorien, chant qui, selon saint Pie X, nous fait prier sur de la beauté.
Le Pape nous aide, et pas seulement les choristes, à accomplir notre pèlerinage jubilaire, pour aider nos âmes à grandir sur la route de la sainteté, car dans une chorale il faut marcher ensemble, il faut avancer ensemble : « Chante, mais marche », disait saint Augustin. Or nous sommes trop souvent des voyageurs de l’éternité fatigués et tombant trop facilement sous les pièges de l’acédie.
La beauté du chant sacré
C’est pourquoi nous devons chanter le chant nouveau de l’éternité. Et nul doute que le chant grégorien, chant propre et traditionnel de l’Église latine, soit un puissant moyen d’attraction pour les fidèles. Benoît XIV, bien avant saint Pie X, écrivait dans son encyclique Annus qui hunc : « Le chant grégorien excite les fidèles à la dévotion et à la piété. »
Le magistère de l’Église, dépositaire de la pensée de Dieu sur tout ce qui touche notre Salut et la santé spirituelle de nos âmes, nous a livré sur l’art en général et sur le chant en particulier des données qui ne doivent pas prendre la poussière dans des musées archéologiques, mais bien abreuver la soif des fidèles. Les grandes civilisations nous ont fait le don de la musique afin que nous puissions exprimer ce que nous portons au plus profond de notre cœur et l’Église nous a donné la musique sacrée, âme vivante de la liturgie.
La liturgie est vie, et vie de chaque jour. Avec le Christ – Per Ipsum, et cum Ipso et in Ipso –, nous sommes les orants du Père, sous l’action de l’Esprit-Saint. La liturgie, œuvre de foi et participation intérieure à la vie Trinitaire, devient vraiment l’Œuvre de Dieu, l’opus Dei. Le chant est alors vraiment louange.
Tout revient en fin de compte à appliquer à la musique sacrée les critères propres à la sainte liturgie. Un triple critère se présente alors pour juger du chant sacré : la sainteté, l’excellence des formes et l’universalité.
Le Pape nous aide à comprendre ces trois qualités du chant sacré : il devra être saint, c’est-à-dire séparé, non profane (en lui-même, mais aussi dans l’interprétation qu’en donnent les exécutants) ; il devra être un art véritable ; il devra enfin être universel, de sorte que la diversité dans le domaine de l’art sacré ne sente jamais le disparate : l’universalité ici, ce n’est pas l’uniformité, mais l’humble et glorieux héritage du « cor unum et anima una » des origines.
Chanter et aimer
« Cantare amantis est ; chanter est le propre de celui qui aime », disait déjà saint Augustin. On peut citer les paroles de Paul VI à des Pueri cantores :
« Pourquoi faut-il chanter ? On peut chanter pour bien des raisons : pour se distraire, pour s’égayer ; ou pour distraire et égayer les autres ; ou encore pour se faire entendre et admirer ; on peut chanter, comme vous le faites, pour louer Dieu et rendre plus beau le culte liturgique.
Mais il y a une raison plus belle encore et plus profonde, que nous allons vous dire en empruntant la voix de saint Augustin : on chante, parce qu’on aime. Voilà, chers enfants, pourquoi vous devez chanter, et bien chanter : parce que vous aimez Jésus, et que vous voulez lui faire honneur et lui faire plaisir. Il a fait de vous ses fils, ses frères, ses amis ; il vous a associés de plus près que d’autres à la liturgie de son Église. »
Et pour terminer, je citerai les paroles finales du Pape sur sainte Cécile, patronne des musiciens :
« Je vous confie à la protection de sainte Cécile, vierge et martyre qui a élevé par sa vie le plus beau chant d’amour, en se donnant au Christ et en offrant à l’Église son témoignage lumineux de foi et d’amour. »
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