Léon XIV à Saint-Jean-de-Latran : les apôtres « ont cherché la communion avec l’Église mère »

Publié le 04 Juin 2025
Latran pape léon XIV

Autel papal de la basilique Saint-Jean-de-Latran. © Antoine Taveneaux, CC BY-SA 3.0

Léon XIV a pris possession de la cathédrale Saint-Jean-de-Latran en tant qu’évêque de Rome le dimanche 25 mai. Il y a prononcé son homélie, commentant les Actes des apôtres et particulièrement les difficultés du concile de Jérusalem. L’occasion de rappeler de toujours chercher la communion avec l’Église mère et de la suivre avec humilité.

 

Le dimanche 25 mai, le Pape a pris possession de sa cathédrale : Saint-Jean-de-Latran. Comme cathédrale du pape, elle tient le premier rang sur toutes les autres cathédrales, même sur Saint-Pierre, comme l’ont déclaré les papes Grégoire IX dans sa Constitution Super universa du 23 janvier 1372 et saint Pie V dans sa Constitution Infirma aevi, du 21 décembre 1569. Elle fut réellement l’église du pape jusqu’au retour d’Avignon ; les papes la délaissèrent alors parce qu’elle tombait en ruine et ils vinrent se fixer au Vatican. Mais la basilique du Latran resta toujours la cathédrale de Pierre et une fois restaurée, les papes y vinrent souvent. C’est du Latran que le pape François signait ses principaux documents.

Pour comprendre cette place du Latran, il faut se souvenir que l’Église de Rome, comme le souligne le Pape dans son homélie, est l’héritière d’une grande histoire, enracinée dans le témoignage du sang versé par saint Pierre et saint Paul et d’innombrables martyrs, et elle a une mission unique bien indiquée par l’inscription : Mater omnium Ecclesiarum. Rome en effet est bien la Mère de toutes les églises. Et de plus elle est maîtresse.

À la suite du pape François, le pape Léon XIV entend réfléchir sur la dimension maternelle de l’Église et ainsi sur ses caractéristiques propres que sont la miséricorde, la tendresse et la douceur, la disponibilité au sacrifice et particulièrement la capacité d’écoute qui permet de venir en aide au prochain, mais surtout d’anticiper les besoins et les attentes. On le voit bien à chaque élection d’un nouveau pape. On a enterré l’Église et puis c’est elle qui nous ressuscite et nous fait sortir de notre torpeur.

Le concile de Jérusalem

Le Pape, comme il est normal, commente les lectures du jour. C’est d’abord le récit des Actes des Apôtres, au chapitre XV, qui raconte comment l’Église primitive affronta le défi de l’ouverture au monde païen, lors du concile de Jérusalem, vers 50 après J.-C. Dans ce récit, saint Luc contemple sereinement un passé déjà disparu qu’il peut mieux juger dans ses grandes lignes, grâce au recul du temps.

Aux inquiétudes ravivées par la mission de Paul et de Barnabé, des préoccupations politiques s’élevaient vraisemblablement. Un certain nationalisme juif craignait une désolidarisation de la cause nationale, par l’abandon de la circoncision. Des contestataires, sans aucun mandat de Jacques et d’ailleurs bientôt désavoués par lui, remettaient en cause la règle de la foi posée par Pierre et réaffirmaient l’impossibilité du salut sans la circoncision et sans l’observation de la loi.

Paul et Barnabé sont donc envoyés à Jérusalem, accompagnés de Tite. Ils sont reçus par les Apôtres et par les Anciens. Si Jacques préside l’assemblée, Pierre est là comme vicaire du Christ. Dans son cœur, il a déjà tranché le débat : on ne doit en aucun cas toucher à la liberté des Gentils. Jacques, lui, demandait au nom de la charité, le respect des préceptes rituels. On a vu parfois dans l’attitude de Jacques un effort de réaction qui désirait en secret maintenir le christianisme sous le joug de la loi.

De là, on en a conclu à des divergences profondes au sein même du Collège apostolique, au lieu de reconnaître dans l’attitude de saint Jacques une condescendance providentielle qui s’inclinait vers les juifs et était attentive à les ménager pour les sauver. La proposition de l’évêque de Jérusalem étant acceptée, fut rédigé le premier décret apostolique. Sa rédaction nous montre l’assurance de l’inspiration du Saint-Esprit animant son Église. 

Le Pape tire les leçons de ce concile apostolique pour l’Église d’aujourd’hui. L’écoute et le dialogue, qui conduisirent les Apôtres à prendre la bonne décision, demeurent indispensables pour pouvoir suivre la marche indiquée par le Saint-Esprit. Nous devons toujours chercher la communion avec l’Église mère et s’y ranger avec humilité. L’Évangile nous livre le même message. L’Esprit Saint soutient son Église. Puis, le Pape termine en évoquant le sourire du pape Jean-Paul Ier. Comme lui, il offre le peu qu’il a et le peu qu’il est.

Que la Vierge Marie l’accompagne et nous accompagne sur l’exigeant chemin de la fidélité au Christ et à l’Esprit Saint.

 

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Un moine de Triors

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