Lassants et répétitifs plateaux de télévision les soirs de défaites des deux partis frères. Dans une ennuyante impression de déjà vu, les amphitryons cathodiques, brushing de compétition et nez poudré, arborent une mine déconfite et de circonstance, pour annoncer et dénoncer avec l’empathie d’un chat pour une souris, que les résultats du vote mettent en péril la démocratie.
Auto-amnistie
Ce à quoi, les petits marquis encartés, prébendiers professionnels d’une République plus proche de la mère maquerelle que de la mère patrie, la perruque en goguette et l’honneur aux abonnés absents, s’intitulant derechef professeurs de morale, admonestent le peuple de n’avoir pas suivi les injonctions comminatoires, des commissaires du peuple, recasés depuis la chute de l’empire soviétique, dans la presse, la radio et la télévision. Spécialistes de l’auto-amnistie, les porte-parole, porte-voix, portefaix et autres receleurs de la démocratie confisquée, se lancent sans attendre dans la résolution de la quadrature du cercle et alambiquant jusqu’au grotesque et au navrant, ils tentent de démontrer que leur défaite dans les urnes n’en est pas vraiment une et que la victoire de l’autre est petite et mesquine et que si l’électeur ne s’était pas fourvoyé, ils auraient gagné. On oscille entre Cervantes et La Palice.
Et l’odeur sucrailleuse et fétide du mensonge se répand dans les foyers, où l’électeur, la conscience satisfaite d’avoir accompli son devoir électoral, se voit battu de verges et cloué au pilori, pour avoir osé choisir le bien commun dans un instant de lucidité, avant de retourner dans ce coma de l’intelligence, où le peuple de France est maintenu depuis plus de deux siècles par une bande de brigands prévaricateurs, agents contaminants, qui transportent avec eux le pire des virus, celui de la lèpre de l’âme.
Douze judas
Alors oui, à les voir ainsi réunis autour d’une table, même si c’est celle d’un studio de télévision, on a l’impression de voir l’inverse démoniaque de la scène : douze judas et aucun rédempteur. Alors oui, à les voir ainsi, le rictus méprisant, plonger par leurs diatribes, toutes de fiel et de feu, les malheureux qui ont l’audace de s’opposer à leurs projets mortifères, dans l’opprobre et la dérision, on a un petit aperçu de cet enfer de haine, de jalousie, d’égoïsme froid et cruel, que peignaient les peintres flamands, à une époque où l’on cherchait avant tout le salut de ses contemporains.
Où se trouve dans ces salmigondis de haine recuite, la recherche du bien commun, cette pierre angulaire de la politique ? Nulle part, la seule règle de conduite de ces nuisibles multicolores, rouge, bleu, vert, voire même orange ou noir, est de conserver leurs places, leurs prébendes, leurs privilèges coûte que coûte, que soit au prix du mensonge, même le plus éhonté, que ce soit au prix du malheur de leurs contemporains, que ce soit au prix de la trahison. Leur égocentrisme stratosphérique ne connaît aucune limite, puisqu’ils ont émasculé l’intelligence en supprimant le Ciel et toutes références à celui-ci. Leur calcul est le suivant : si plus rien n’est transcendant, rien ne peut s’imposer à tous. Donc la Vérité n’existe pas et par là même, chacun peut se forger sa propre vérité, son propre réel. Le plus fort décide donc pour tous, selon son bon plaisir. Et il n’est que de voir les dernières horreurs législatives pour comprendre que cela n’est pas seulement de la mauvaise rhétorique, mais une dramatique réalité.
Et la subsidiarité ?
Ils ont tellement peur de ce peuple dont ils se réclament pourtant, à grand renfort d’effets de manches démocratiques, citoyennes et républicaines, qu’ils confisquent tout pouvoir de décision. Le pape Pie XI dans son encyclique Quadragesimo anno, en parlant du principe de subsidiarité, disait :
« Il n’en reste pas moins indiscutable qu’on ne saurait ni changer ni ébranler ce principe si grave de philosophie sociale : de même qu’on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d’une manière très dommageable l’ordre social, que de retirer aux groupements d’ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d’un rang plus élevé, les fonctions qu’ils sont en mesure de remplir eux-mêmes. »
Et c’est la peur de cette liberté substantielle de l’homme, qui rend ces furieux, la jugeote en jachère, prêts à en préempter la moindre parcelle. Les parents n’ont plus le droit d’éduquer leurs enfants, c’est l’Éducation nationale. Les gens n’ont plus la liberté de penser, les médias s’en chargent. L’agriculture est dans les mains des technocrates bruxellois, qui ont sûrement traduit les manuels d’économie dirigée de feu l’Union soviétique. Bref, chaque aspect de votre vie est confisqué au profit d’une caste d’athées militants, qui au nom de l’utopie démocratique, s’empressent de vous emprisonner corps et âme dans les geôles tellement étroites de la pensée inique, qu’elles feraient passer les cellules du château d’If pour des palais vénitiens.
Alors pour en finir avec les badernes égocentrées et électoro-dépendantes, aux prochaines élections, mettez-les à la diète. Un carême nécessaire pour pouvoir prétendre à la résurrection du beau pays de France.