Le 25 mars dernier, le Pape signait la lettre apostolique Candor lucis æternæ pour commémorer le septième centenaire de la mort de Dante, le poète toscan qui a su avec une beauté littéraire inappréciable, spécialement dans La Divine comédie, exprimer avec profondeur et nous aider à contempler le mystère de l’infinie miséricorde de Dieu « qui a tant aimé le monde (et les hommes) qu’il leur a envoyé son Fils unique non pour les perdre, mais pour les sauver ».
C’est pour nous sauver que la splendeur de la Lumière éternelle, le Verbe de Dieu, a pris chair de la Vierge Marie. En célébrant Dante, le Pape célèbre donc l’ineffable mystère de l’Incarnation rédemptrice. Par sa lettre le Pape entend aussi unir sa voix à celles de tous les papes sans exception depuis Léon XIII qui ont remercié Dante d’avoir exprimer par la beauté de la poésie le mystère de l’amour miséricordieux.
Le Pape rappele d’abord (n°1) les interventions des Pontifes Romains sur Dante. Parmi elles, l’encyclique In præclara summorum de Benoît XV, en 1921, doit être spécialement notée car elle recueillait les enseignements antérieurs de Léon XIII et de saint Pie X, en même temps qu’elle entendait affirmer le rôle de l’Église par rapport à l’art et à la beauté. Benoît XV soulignait que Dante qui faisait partie du trésor artistique de l’Église grâce à sa foi catholique, avait renforcé la flamme de l’intelligence et de la vertu poétique. Car être poète catholique n’est pas si évident. La France a connu au siècle passé Marie Noël. Mais qui la connaît ? Sans avoir peut-être le génie de Dante, elle a permis à beaucoup d’humains de louer leur créateur et rédempteur. Dante fut le chantre de l’Annonciation ; Marie Noël le fut de la Nativité de Notre Seigneur. Mais c’est le même mystère. Tous deux ont voulu arracher les mortels et pécheurs que nous sommes à leur condition misérable quand ils vivent hors du Christ et nous apprendre que tout pécheur peut être conduit au bonheur éternel par la grâce divine de l’adoption filiale. Paul VI a fêté le septième centenaire de la naissance de Dante en 1965, l’année de la clôture du Concile. Par sa lettre apostolique Altissimus cantus, en réaffirmant les liens étroits qui existent entre l’Église et Dante, il montrait que cela entraîne un engagement, car nous ne pouvons entrer dans les sentiments du poète sans la foi. Dante lui-même fut terrible pour les papes, évêques et prêtres qui n’étaient pas fidèles au Christ et qui n’annonçaient pas l’Évangile. Dante est universel du fait qu’il nous invite à pratiquer l’Évangile. La divine Comédie, chef d’œuvre du poète toscan, visait à changer radicalement l’homme pécheur, pour qu’il ne tombe pas en enfer. Elle cherchait avant tout à le faire sortir des ténèbres pour découvrir la lumière du Christ, conduisant ainsi tout humain du désordre à la sagesse, du péché à la sainteté, de la contemplation effrayante de l’enfer qui existe et qui est rempli (comme Notre Dame l’a dit à Fatima) à la contemplation béatifique du Paradis. Paul VI, pape de la paix, montra aussi comment en vrai humaniste Dante œuvra pour la paix en exaltant les vraies valeurs humaines morales et civiques. Il faudrait aussi évoquer Jean-Paul II, Benoît XVI et même Jean-Paul Ier. Mais lisez la lettre. Les autres numéros concernant la vie de Dante (n°2), sa mission comme prophète de l’espérance (n°3), de la miséricorde (n°5), comme ceux concernant les trois femmes Marie, Béatrice et Lucie (n°7) ou saint François (n° 8) ne font que développer le n°1. Confions la lecture de cette lettre à Marie, la mère de la Beauté qui ferme les lèvres et que saint Augustin a si tard aimée, et Marie si bien chantée au n° 3 du Paradis de Dante.