À l’orée du « temps ordinaire », comme une respiration après les fêtes pascales, l’Église a institué successivement deux fêtes, celle de la Trinité et celle du Corps du Christ, en forme d’actions de grâces, solennisées par des textes, offices et chants spécifiques.
Avec la Pentecôte s’est achevé le cycle pascal et le temps « pendant l’année » ou « ordinaire » reprend ; dimanche après dimanche, l’enseignement de Jésus y est dispensé. Toutefois, ces deux prochains dimanches sont encore consacrés à honorer Dieu d’une façon particulière. À Rome, le dimanche qui suivait la Pentecôte était d’abord « vacant ». On s’y reposait après la veillée nocturne conclue par la messe. À partir du VIIIe siècle, se répandit une fête en l’honneur de la Sainte Trinité, notamment à Cluny et Cîteaux, célébrée par certains en ce dimanche. Après de fortes réticences du Siège apostolique, l’Avignonnais Jean XXII fixa cette fête au 1er dimanche après la Pentecôte (1334). Malgré les liens intimes entre la loi de la prière et celle de la foi, cette fête n’est pas d’abord un rappel doctrinal sur le mystère mais une immense action de grâces pour tout ce que le Dieu un et trine a fait pour les hommes. Tous les chants de la messe parlent de bénédiction et le motif en est donné dès l’introït, repris par l’offertoire et la communion : « parce que [la Trinité] nous a fait miséricorde ». Le missel romain de 1970 donne, en guise de psaume responsorial, un extrait du cantique des Trois Enfants (Dn 3) où l’on répond à chaque verset : « À toi, louange et gloire éternellement ! » L’évangile du Missel romain de 1962 nous ramène à l’Ascension où Jésus laisse comme dernière consigne de prêcher l’Évangile et de baptiser les croyants « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28,18-20). Cette année, l’évangile du Missel romain de 1970 rappelle un acte central de la vie trinitaire : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 16-18). La Liturgie des heures de 1971 donne un texte doctrinal de saint Athanase († 373), le grand défenseur du dogme de Nicée : « Dans l’Église est annoncé un seul Dieu, qui règne au-dessus de tous, par tous et en tous. Au-dessus de tous, comme Père, comme principe et source ; par tous, par le Verbe ; en tous, dans l’Esprit Saint » (2e lecture). Au XIIIe siècle, la liturgie…