Au musée d’Orsay, une impressionnante rétrospective du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944) est donnée à découvrir. Ainsi, le grand public pourra constater que cet artiste qui fut, en son temps, reconnu en Scandinavie, n’est pas seulement le créateur du fameux Cri.
Dès l’entrée, de beaux portraits d’une de ses sœurs (Inger en noir et violet, 1892 et Nuit d’été. Inger sur la plage, 1889) témoignent de ses qualités de coloriste. La facture de sa peinture est faite de couches fluides et ses fonds ont un aspect non fini. A-t-il vu des toiles de Berthe Morisot lors de sa venue en France ? On pourrait le penser.
Sur son Autoportrait à la cigarette (1895) où la lumière éclaire son visage et sa main, il semble regarder le visiteur. Le fond de cette œuvre comporte de belles teintes bleues, vertes, mauves réalisées dans un jus léger et gratté, une technique qui surprend les amateurs d’art de sa génération.
Ses thèmes sont souvent tragiques. Ce fils de médecin a perdu sa mère très jeune, puis une de ses sœurs. La tuberculose emporte tant de personnes à cette époque. La maladie et la mort l’obsèdent comme en témoigne le touchant tableau de L’Enfant malade, 1896.
Une femme vêtue de noir, douloureuse, à genoux, se penche devant sa fille. Celle-ci assise dans son lit, vue de profil montre un visage maigre, blanc et fatigué, elle regarde sa mère qui tient une de ses mains. Que de peine dans cette représentation aux couleurs splendides !
Ses réalisations portent aussi l’influence de ses rencontres en Allemagne avec le groupe « Die Brücke » avec lequel il partage une vision assez morbide de la vie.
Ses relations avec les femmes semblent être difficiles, partagées entre fascination et rejet. Il a une conception de l’amour très passionnelle. Ses représentations de femmes fatales à la chevelure envahissante le manifestent (Vampire, 1895).
Il reprend souvent les mêmes thèmes à travers le temps, qu’il traite en gravure ou lithographie rehaussée d’aquarelle ou de gouache. Pour les approfondir ? Ou par obsession ? Peut-être aussi pour des raisons commerciales car c’est une façon de diffuser son art et de gagner sa vie puisque les gravures sont beaucoup plus accessibles que les peintures.
Une œuvre tourmentée, émouvante à ses débuts, à la ligne sinueuse et aux couleurs de plus en plus stridentes !
Musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris. Tél. : 01 40 49 48 14. Ouvert Ma., Mer., Ven., Sam., Dim., de 9h30 à 18h00, jeudi de 9h30 à 21h45. Fermé le lundi. Jusqu’au 22 janvier 2023.
Catalogue : Munch, sous la direction de Claire Bernardi, Éd. Musée d’Orsay/RMN, 2022, 257 p., 45 euros.
Photo : Edvard Munch, Mélancolie,1894-1896, Huile sur toile, 81×101 cm. Bergen,KODE Art Museums and ComposerHomes.©Dag Fosse/KODE.