Ce 2 février, l’Église célèbre la Présentation du Seigneur au Temple. Cette fête, célébrée à Jérusalem dès le IVe siècle, passa d’abord en Orient, puis fut introduite à Rome au VIIe siècle sous le nom de Purification de la Vierge Marie, titre qu’elle conserva jusqu’en 1969. Pour autant, les textes de la messe ont toujours évoqué principalement l’offrande de l’Enfant Jésus à Dieu son Père.
Cette « présentation » répondait à une prescription de l’Ancien Testament. Cependant, à côté de cette observance rituelle, la liturgie fait considérer cette démarche comme une arrivée triomphante : au cours de la messe, on lit le passage où Malachie prophétise l’avènement en son Temple du Seigneur (la Vulgate parle de Dominateur) attendu (3, 1-4) et une antienne d’origine byzantine de la procession commande à Sion d’orner « (s)a demeure pour accueillir le Christ (s)on Roi » (antienne Adorna). Quant au psaume responsorial (forme ordinaire), c’est celui de l’entrée du Roi de gloire (Ps 23).
La miséricorde de Dieu
L’introït et le graduel de la messe, reprenant le psaume 47, chantent : « Nous avons reçu, ô Dieu, votre miséricorde au milieu de votre Temple. » Ainsi, ce nourrisson déjà vu comme le Seigneur est-il déjà perçu comme la miséricorde de Dieu, point intéressant à relever en cette année jubilaire.
Cette miséricorde revêt en ce jour un caractère particulier. Le vieillard Siméon, témoin de la scène, avait eu la révélation qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie. Ayant reconnu ce dernier dans le petit Enfant, il Le prit dans ses bras et chanta un cantique que l’Église reprend chaque jour aux complies, le dernier office de la journée : le Nunc dimittis. Il y qualifie l’Enfant de « Sauveur », « lumière pour apporter la révélation aux nations païennes et gloire d’Israël (s)on peuple » (Lc 2, 32). Ce Sauveur, Dieu, « miséricordieux et fidèle, [L’a] promis au genre humain perdu par le péché pour le sauver, afin que sa vérité instruise les ignorants » (Supplément pour la France [1962], préface de l’Avent).
En effet, « enseigner ceux qui sont ignorants » fait partie des œuvres de miséricorde spirituelle (Compendium du CEC) et la voie du salut est le plus haut enseignement. Pour revenir à la liturgie de ce jour, elle donne une grande place à la lumière, chantée par Siméon, une lumière qui est aussi salut. Avant la messe, on y bénit des cierges que l’on porte ensuite en procession. Une des oraisons de bénédiction demande : « Seigneur Jésus-Christ, lumière véritable qui éclairez tout homme venant en ce monde, répandez votre bénédiction sur ces cierges et sanctifiez-les par les rayons de votre grâce ; faites que comme l’éclat de ces feux visibles dissipe les ténèbres de la nuit, une flamme invisible, la lumière éclatante du Saint-Esprit, répandant sa clarté dans nos cœurs, les délivre de l’aveuglement de tous les vices, et purifiant le regard de l’esprit, nous donne de pouvoir discerner ce qui vous est agréable en même temps qu’utile à notre salut, afin qu’après les obscurités et les dangers de ce siècle, nous méritions de parvenir à la lumière qui jamais ne fera défaut » (Missel romain [1962], troisième oraison). Et plus tard, on demande encore au Seigneur « qu’éclairés et instruits nous aussi par la grâce du Saint-Esprit, nous puissions [Le] connaître avec vérité et [L’]aimer fidèlement » (cinquième oraison).
Puissions-nous tous, après nous être efforcés de progresser dans la connaissance de Celui qui s’est dit la Vérité et L’avoir aimé avec fidélité, « nous présenter, l’âme purifiée, devant (Dieu) » (collecte de la fête).