Pascal Amoyel n’est pas seulement l’un des grands pianistes français actuels, il est aussi profondément engagé dans le désir de transmettre à nos contemporains un message de vie et d’espérance, dans l’esprit de la Lettre au général X d’Antoine de Saint-Exupéry : « Que faut-il dire aux hommes ? » Mais il le fait, et c’est toute l’originalité de ses spectacles, depuis Le pianiste aux cinquante doigts, Le jour où j’ai rencontré Frantz Liszt jusqu’à ce Looking for Beethoven, en associant sa propre quête de sens, sa recherche de vérité, aux rencontres de ces grands génies de la musique qui ont bouleversé et orienté le cours de sa vie de musicien et de pianiste. Et de cela il nous rend le témoignage. Oui, la musique a quelque chose à dire aux hommes, parce qu’elle est un langage qu’il convient d’apprendre à écouter et qui nous transmet, chose incomparable, la richesse des pensées humaines serties avec une puissance toute particulière dans les émotions du sensible. Comment entendre ce qui nous est dit là pour s’entendre entre humains dans les résonances intimes de ce qui se tisse dans les entrailles de nos vies intérieures. Il y a là une réelle et profonde spiritualité. Cette démarche pédagogique met aussi à l’honneur la pleine vocation de l’interprète, qui n’est pas un répétiteur, mais bien un déchiffreur de cette intelligibilité contenue dans le sensible. Dans ce dernier spectacle, Pascal Amoyel nous fait découvrir la portée profonde de l’œuvre de ce génie qu’est Beethoven, révèle par-delà le temps le caractère universel de ce que sa musique met en lumière, bouscule bien des idées reçues sur le personnage, et surtout nous donne dans ce temps tourmenté qui est le nôtre le message d’un homme qui ne baisse pas les bras devant l’adversité du destin. Et quel destin : un musicien comme Beethoven privé de l’ouïe ! Sa musique transcende le handicap et creuse à travers le tumulte d’une bataille avec lui-même un chemin de paix et de joie. Rien d’étonnant que cette voix musicale vienne en ce sens s’accorder à cette source des « variations Goldberg » de Bach. Pascal Amoyel nous donne à entendre dans ce bel écrin qu’est le théâtre du Ranelagh, en suivant Beethoven étape par étape, des œuvres que nous connaissons bien mais qu’il nous est ici donné d’entendre in vivo. Ce spectacle n’est pas seulement l’occasion d’un très beau concert mais bien un authentique moment de théâtre dans lequel voir et entendre se marient harmonieusement. A ne pas manquer !
Théâtre du Ranelagh, 5 rue des Vignes 75016 Paris, du mercredi au samedi à 20h45, le dimanche à 17h. (relâche les 25 décembre et 1er janvier) Loc. : 01 42 88 64 44