Madeleine Delbrêl, et la joie d’une foi missionnaire

Publié le 15 Nov 2023
madeleine delbrel foi mission
Lors de sa dernière catéchèse le 8 novembre dernier, le Pape a évoqué une très belle figure, encore trop peu connue et pourtant très chère au cardinal Journet, Madeleine Delbrêl, dont le charisme fut une joie communicative de la foi en milieu non croyant.

 

Peu de temps avant sa mort, Jean-Paul II présentait ainsi Madeleine Delbrêl à des évêques français en visite ad limina, le 30 janvier 2004 :

« Je voudrais évoquer la belle figure de Madeleine Delbrêl, dont nous fêtons le centenaire de la naissance. Elle a pris part à l’aventure missionnaire de l’Église en France au XXe siècle, en particulier à la fondation de la Mission de France et de son séminaire à Lisieux.

Puisse son témoignage lumineux aider tous les fidèles, unis à leurs pasteurs, à s’enraciner dans la vie ordinaire et dans les différentes cultures, pour y faire pénétrer, par une vie toujours plus fraternelle, la nouveauté et la force de l’Évangile ! En maintenant vive, dans leur cœur et dans leur vie, leur conscience ecclésiale, c’est-à-dire la conscience d’être membre de l’Église de Jésus-Christ et de participer à son mystère de communion et à son énergie apostolique et missionnaire. »

 

Une foi admirable

Agnostique sinon athée, elle se convertit grâce au témoignage d’amis croyants. À 17 ans, persuadée qu’il n’y a plus rien après la mort, elle se permettait d’écrire : « Dieu est mort. C’est entendu, Dieu est mort. Mais alors, qui est-ce qui a hérité ? Eh bien ! C’est la mort qui a hérité. Alors, lorsqu’on va vers un mourant, on ne peut pas lui dire : Au revoir ; on ne peut pas lui dire : Adieu. Alors, que faut-il dire : A rien ? » C’est ainsi qu’elle est toujours allée jusqu’au bout de ses convictions, avant comme après sa conversion. Elle aura alors une foi admirable.

Il faut aller jusqu’au bout de ses convictions. Cela marque sa qualité d’esprit. Jusqu’au bout, en ayant le courage et l’héroïsme de devenir une sainte et de transmettre aux autres le trésor qu’elle a découvert. Dieu n’aime pas les tièdes. Les grands, dans le bien comme dans le mal, vont jusqu’au bout. Madeleine, comme saint Paul n’était pas une tiède. Loin de là.

 

Une vie missionnaire au cœur du monde

Sa devise était « Dieu est fidèle ». Elle donna un splendide exemple de son zèle de croyante. Pendant vingt-cinq ans, elle est allée à Ivry, ville communiste de haut en bas. Elle avait alors un peu plus de 20 ans, et elle y est restée vingt-cinq ans, avec une foi merveilleuse.

La joie de sa foi l’a conduite à mûrir son choix de vie au cœur de l’Église et au cœur du monde, en partageant avec ses frères athées, ce qu’elle-même avait ressenti lors de sa conversion, à savoir que « le vide qui criait dans son angoisse, c’était Dieu lui-même qui la cherchait ». Elle avait fait siens les mots de Pascal prêtés à Jésus durant son agonie : « Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais pas trouvé. » Une fois l’élan pris, elle évangélisa sans se lasser. Le Pape cite sa belle image de la bicyclette qui ne peut s’arrêter quand on a commencé à pédaler, sinon on tombe.

Le Pape ne parle pas de sa prière, pourtant au centre de sa vie : « Prier, c’est avoir affaire avec Dieu, comme nous aurons affaire à lui au moment de mourir, seul. À ce moment, on n’oublie pas les autres, on ne les quitte pas par évasion ou indifférence, mais c’est l’heure pour nous de donner notre vie, notre tour de mort dans le monde est pour lui. Tout nous-même doit réaliser ce laisser tout. »

Elle dit aussi : « Je croyais que j’aimais le prochain, mais il m’a fallu l’expérience de la vie en milieu communiste pour me convaincre que je croyais l’aimer, mais que je ne l’aimais pas. » Mais on voit bien qu’elle y est arrivée. Dans la totale acceptation de la foi catholique, en face d’un communisme tout à fait déclaré, athée et antichrétien, elle reste là, respectée par tous, et elle les aima d’un vrai amour, sans aucune concession.

Que Marie, qui est partie en hâte visiter sa cousine, nous apprenne par l’exemple de Madeleine Delbrêl, à vivre de cette foi féconde qui fait de tout acte un acte de vertu théologale dans l’annonce de l’Évangile.

 

>> à lire également : Retour de flamme migratoire dans les pays nordiques

Un moine de Triors

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