Martyrs ?

Publié le 26 Août 2017
Martyrs ? L'Homme Nouveau

La société a profondément changé en un peu plus d’un siècle et de ce fait, il n’est pas étonnant que la notion même de martyre connaisse une certaine extension sur laquelle revient, ici, Anne Bernet.

J’étais, la semaine passée, à Toulon, invitée à évoquer, dans le cadre du Camp Spes des Missionnaires de la Miséricorde, les martyrs de l’évangélisation de l’Asie du Sud Est et ceux du communisme vietnamien. Le Camp Spes est une école d’évangélisation, autrement dit de courage, puisque, après avoir donné à des jeunes, de dix-huit à trente ans environ, une formation doctrinale suffisante pour leur permettre de présenter, expliquer et défendre la foi catholique, il leur est demandé d’aller, par groupe de deux, à l’instar des premiers disciples, aborder les estivants sur la plage et leur parler du Christ.

La conversion des musulmans

Les musulmans, à la conversion desquels se consacrent plus spécialement les Missionnaires de la Miséricorde, ne sont pas exclus de cette démarche. Bien au contraire, ce qui vaut, d’ailleurs, parfois, de leur part, des réactions étonnantes, à l’instar de cet homme, récemment sorti de prison où il a lu l’évangile, qui, s’entendant demander s’il connaît Jésus, répond que oui, et qu’il l’aime, car :

– Tu te rends compte ?! Jésus, Il est mort sur la croix, mort d’amour, pour moi !!! »

Une évidence que nous autres, catholiques blasés, avons tendance à perdre de vue …
Signe d’espoir incontestable face à l’islamisme mais qui n’en fait pas oublier pour autant le terrorisme, les attentats, l’éventualité d’actions violentes à l’encontre des catholiques et de leurs lieux de culte, préoccupation évidente de nombreux participants.
Dans ces conditions, faut-il s’étonner que la question du martyre soit présente à leur esprit et qu’ils s’interrogent sur ce qui le fonde théologiquement ?
Pourtant, si le témoin, selon la définition traditionnelle, est mis à mort « en haine de la foi », l’Église, ces dernières décennies, a reconnu d’autres formes de martyre, à commencer par ceux de la charité, dont saint Maximilien-Marie Kolbe est l’archétype, ou de la pureté.

Martyres de la vertu de pureté

L’idée est récente. Les historiens de la Vendée militaire connaissent le cas dramatique de cette jeune paysanne angevine, mortellement blessée par les soldats républicains dont elle avait farouchement repoussé les avances, qui, agonisante, se traîna jusqu’à la cachette du prêtre réfractaire pour réclamer l’absolution d’une faute dont elle était la victime, non la coupable. Nul, au XIXe siècle, n’envisagea de porter sur les autels cette authentique martyre de la vertu de pureté …
En fait, il faut attendre, semble-t-il, le cas de la petite Maria Goretti, massacrée, en juillet 1906, à coups de couteau par son jeune voisin auquel cette fillette de douze ans, restée seule à la maison, avait eu le courage de se refuser, malgré ses menaces de mort,  pour que l’Église s’intéresse au phénomène.
Sans doute faut-il y voir une conséquence des bouleversements d’une société où la morale changeait rapidement et où la vertu des filles chrétiennes perdait peu à peu sa valeur pour devenir objet de moquerie et de dérision.
Odile Haumonté, qui sait admirablement parler de sujets délicats, a bien cerné les enjeux du débat et, en évoquant les figures de sainte Maria Goretti et de Myriam Achkar, (Téqui. 80 p. 10 €), jeune Libanaise agressée et égorgée en novembre 2011 par le gardien musulman de Notre-Dame de l’Annonciation, un sanctuaire de la montagne où elle avait voulu se rendre pour consacrer à la Vierge son prochain mariage, elle oblige à réfléchir à nos propres codes de conduite et de valeurs.

La libération chrétienne

Est-il raisonnable, dans notre monde où le sexe, voire la pornographie, règnent en maîtres et s’étalent au grand jour, où des enfants de huit ans visionnent des films X, où toutes les déviances sont admises et louées, de donner en exemple deux jeunes filles mortes en défendant leur virginité contre un violeur ?
À cent ans d’intervalle, dans des conditions et des milieux bien différents, la paysanne italienne analphabète et la diplômée libanaise ont été pareillement victimes de la violence d’un rustre qui les considérait comme de simples objets de plaisir et ne tolérait pas de voir repousser ses avances.
Au nom de la liberté chrétienne, cette liberté que le christianisme a apportée aux femmes, ce que l’on oublie trop aujourd’hui, Maria et Myriam ont l’une et l’autre refusé d’être réduites à ce rôle et affirmé, jusqu’à la mort, leur respect  d’elles-mêmes et de la loi divine.
La société actuelle, par un paradoxe dont elle a le secret, tout en prétendant avoir « libéré » les femmes, a réussi le tour de force de les abaisser comme jamais peut-être elles ne l’ont été, du moins en Occident. Prises entre la morale islamique qui prétend les réduire à n’être que des ombres enfouies sous un voile et l’immoralité occidentale qui, les dénudant, les exposant aux regards, en fait des objets de fantasmes, au rabais car, à force de trop en montrer, la curiosité s’use, quelle échappatoire reste-t-il aux femmes que d’en revenir à la morale du Christ qui ne les a jamais rabaissées ?

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