Commentaire du Message du Pape pour le carême 2021, donné à Rome le 12 février 2021
Depuis la perte des États pontificaux, les papes ont pris l’habitude d’utiliser un nouveau moyen pour exercer leur magistère : celui des messages. Benoît XV l’utilisa pendant la Première Guerre mondiale pour inviter les peuples à la concorde ; mais ce fut surtout à partir de Pie XII, célèbre pour ses messages de Noël d’une très haute portée doctrinale, que les papes envoyèrent de nombreux messages, en profitant des occasions offertes par l’année liturgique ou par diverses circonstances, tels les congrès eucharistiques ou mariaux. Le Concile lui-même a envoyé de nombreux messages, aux artistes par exemple. Depuis Paul VI, les occasions se multipliant, les papes adressent environ une vingtaine de messages par an. Bien qu’en général de tels messages ne possèdent aucun caractère infaillible, l’ensemble des textes offre un exposé doctrinal et spirituel d’une grande importance. C’est le cas pour les messages de carême. Celui de cette année part du texte de saint Matthieu qui s’ouvre avec la montée vers Jérusalem. Relativement courte chez cet évangéliste, très importante chez saint Marc, la montée vers Jérusalem oriente tout l’Évangile selon saint Luc qu’on a appelé l’Évangile du salut. À la suite du Christ, nous devons monter aussi vers Jérusalem pour recueillir à notre tour les fruits rédempteurs, en imitant le Christ mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification.
Pour cela le Pape nous propose durant ce carême de porter un effort particulier sur les vertus théologales. Mais nous devons aussi nous aider des trois moyens privilégiés qui constituent l’ossature spirituelle du carême, savoir le jeûne, l’aumône et la prière. Après avoir boudé le jeûne dans l’après 68, les chrétiens le retrouvent et c’est une très bonne chose car cela favorise notre conversion en insistant sur l’humilité, la pauvreté et notre condition de pécheurs. Vécu comme expérience du manque, il doit nous maintenir dans la simplicité de cœur si nécessaire pour redécouvrir le don de Dieu et comprendre notre réalité de créature pécheresse. L’aumône, à l’exemple du Bon Samaritain, est un regard plein d’amour vers l’homme blessé ou en besoin. Enfin la prière est un dialogue d’amitié avec ce « Dieu qui a tant aimé le monde qu’il lui a envoyé son Fils unique ».
En se laissant toucher par la Parole de Dieu et en adhérant à sa volonté d’alliance par la foi, nous pourrons accueillir la vérité révélée par Jésus, Fils de Dieu, pour devenir comme les Apôtres des témoins de la Résurrection à la fois devant Dieu et devant nos frères en humanité. Le carême est un temps pour croire. Le jeûne, en nous libérant de tout ce qui nous encombre – et pas seulement la nourriture mais aussi tous les produits de la société de consommation qui nous conduit à la dérive –, le jeûne donc ouvre la porte de notre cœur par la foi à Jésus plein de grâce et de vérité. Avec la foi, l’espérance comme une eau vive doit nous permettre de poursuivre notre chemin vers Pâque, mais surtout vers la Jérusalem céleste, le Ciel. De nos jours, spécialement dans le contexte d’inquiétude que nous vivons, parler d’espérance semble une provocation. Pourtant seule l’espérance nous permettra de nous réconcilier avec Dieu. Aidée par la prière et le recueillement, l’espérance sera pour nous facteur de lumière intérieure éclairant tous les défis que nous devons surmonter en même temps que les choix à prendre durant ce carême et après.
Enfin la charité, vécue dans l’imitation du Christ souffrant et sauveur, dans l’attention et la compassion à l’égard d’autrui, renforce notre foi et notre espérance. Vivons donc avec Marie un carême plein de foi, d’espérance et de charité.