Commentaire de l’homélie de la Messe avec les nouveaux cardinaux, le 29 novembre 2020.
Le premier dimanche de l’Avent, le Pape a créé de nouveaux cardinaux, concélébrant avec eux la messe. Ceux-ci représentent le clergé de Rome. Comme les Apôtres, ils sont appelés à être des témoins de la Résurrection du Christ, par la force devant les hommes et la crainte filiale devant Dieu. C’est seulement quand cette crainte pénètre dans leurs cœurs qu’ils peuvent être forts de la force des Apôtres, des martyrs, des confesseurs. L’invitation à la force est en effet liée de façon particulière au cardinalat qui, jusque dans la couleur du vêtement, rappelle le sang des martyrs. Les lectures de la messe de ce premier dimanche leur rappelaient leur devoir de témoins grâce à deux paroles clés commentées par le Pape : proximité et vigilance. La première est l’un des attributs propres de Dieu. Le Dieu des juifs et des chrétiens n’est ni Jupiter, ni le dieu des philosophes. C’est un dieu personnel qui vient à la rencontre de l’homme pour faire alliance avec lui et le sauver. Quant à la vigilance, elle est nécessaire de notre part. Jésus nous en a souvent avertis : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation. » N’oublions jamais que c’est celui qui persévérera jusqu’à la fin qui sera sauvé.
Le prophète Isaïe développe cette proximité de Dieu. Même dans l’Ancien Testament, du moins pour le peuple juif, Dieu est apparu comme Père, Sauveur et Époux. Dieu était proche de son peuple et de chacun de ses enfants. L’Église reprend continuellement dans sa prière officielle le grand désir du psalmiste d’être sauvé ou secouru : « Seigneur, venez à notre secours ». Il s’agit là de l’un des thèmes majeurs de l’Avent qui nous permet de faire mémoire de cette proximité de Dieu à notre égard. Avent signifie en effet venue. Dieu vient à nous de trois façons. Il est venu dans la chair en s’incarnant ; il vient dans nos âmes par la grâce et il viendra à la fin des temps pour juger les vivants et les morts. Auparavant, il sera venu pour chacun d’entre nous par le jugement particulier lors de notre mort. Il faut craindre certes cette venue, mais il faut surtout s’y préparer avec confiance en la miséricorde divine, à l’exemple du Bon larron et de tant d’autres saints sauvés au dernier moment par un acte de confiance.
Cette confiance en la miséricorde divine ne doit pas pour autant supprimer la vigilance et la sainte crainte. Bien au contraire. Dans l’Évangile commenté par la Pape, le terme de veiller revient cinq fois. La vigilance nous permet de ne pas nous égarer, de ne pas oublier et d’être toujours attentif à la présence de Dieu. Il faut s’éloigner à tout prix de la fascination de la bagatelle, pour être attiré par la fascination de la présence de Dieu. Pour cela, il nous faut veiller, car nous marchons dans la nuit et quelquefois dans la nuit profonde. Notre fin est le Ciel. Pourquoi vivre comme si nous devions indéfiniment rester sur terre ? Tout passe ici-bas, car tout est vanité. Mais la vigilance de nuit n’est pas facile, car la nuit est faite pour dormir. Les Apôtres eux-mêmes, lors de la Passion de leur Maître, n’ont pu veiller une heure. Et c’est pourquoi ils ont trahi. Gardons-nous donc du sommeil de l’acédie et de la médiocrité. Ayons le courage de croire, d’aimer et d’espérer et ainsi d’aller toujours de l’avant, même si c’est à contre-courant des idées de ce monde, car « elle passe la figure de ce monde ». À la vigilance, s’allie la prière, oxygène de la vie, et le Pape de nous inviter à l’adoration. Cette prière et cette adoration doivent toujours se faire avec Marie qui nous sortira du sommeil de l’indifférence, pour retrouver le chemin de la présence de Dieu.