Mystique du temps de Noël (1)

Publié le 25 Déc 2013
Mystique du temps de Noël (1) L'Homme Nouveau

Tout est mystérieux dans les jours où nous sommes. Le Verbe de Dieu, dont la génération est avant l’aurore, prend naissance dans le temps; un Enfant est un Dieu ; une Vierge devient Mère et reste Vierge ; les choses divines sont mêlées avec les choses humaines, et la sublime et ineffable antithèse exprimée par le disciple bien-aimé dans ce mot de son Evangile :

LE VERBE S’EST FAIT CHAIR,

s’entend répétée sur tous les tons et sous toutes les formes dans les prières de l’Eglise : car elle résume admirablement le grand événement qui vient d’unir dans une seule personne divine la nature de l’homme et la nature de Dieu.

Les desseins de Dieu

Mystère éblouissant pour l’intelligence, mais suave au cœur des fidèles, il est la consommation des desseins de Dieu dans le temps, l’objet de l’admiration et de l’étonnement des Anges et des Saints dans leur éternité, en même temps que le principe et le moyen de leur béatitude. Voyons en quelle manière la sainte Eglise le propose à ses enfants, sous les symboliques enveloppes de la Liturgie.

Après l’attente des quatre semaines de préparation, image des quatre millénaires de l’ancien monde, nous voici arrivés au vingt-cinquième jour du mois de décembre, comme en une station désirée ; et tout d’abord il nous est naturel d’éprouver quelque étonnement en voyant ce jour garder à lui seul l’immuable prérogative de célébrer la Nativité du Sauveur ; tandis que le Cycle liturgique tout entier paraît en travail, chaque année, pour enfanter cet autre jour sans cesse variable auquel est attachée la mémoire du mystère de la Résurrection.

Une naissance pour notre salut

Des le quatrième siècle, saint Augustin se trouvait amené à rendre raison de cette différence, dans sa fameuse Epître ad Januarium ; et il en donne ce motif, que nous ne célébrons le jour de la Naissance du Sauveur que pour nous remettre en mémoire cette Naissance opérée pour notre salut, sans que le jour même auquel elle a eu lieu renferme en soi quelque signification mystérieuse; tandis que le propre jour de la semaine auquel s’est accomplie la Résurrection a été choisi dans les décrets éternels, pour exprimer un mystère dont il doit être fait une commémoration expresse jusqu’à la fin des siècles. Saint Isidore de Séville et l’ancien interprète des rites sacrés, qu’on a longtemps cru être le savant Alcuin, adoptent, sur cette matière, la doctrine de l’évêque d’Hippone ; et leurs paroles sont développées par Durand, dans son Rational.

Ces auteurs observent donc que, suivant les traditions ecclésiastiques, la création de l’homme ayant eu lieu le vendredi, et le Sauveur ayant souffert la mort en ce même jour pour réparer le péché de l’homme ; d’autre part, la résurrection de Jésus-Christ s’étant accomplie le troisième jour après, c’est-à-dire le Dimanche, jour auquel la Genèse assigne la création de la lumière,

« les solennités de la Passion et de la Résurrection, comme dit saint Augustin, n’ont pas seulement pour but de remettre en mémoire les faits qui se sont accomplis ; mais par-dessus cela, elles représentent et signifient quelque autre chose de mystérieux et de saint. » (Epist. ad Januarium).

Une purification

Gardons-nous de croire cependant que, pour n’être attachée à aucun des jours de la semaine en particulier, la célébration de la fête de Noël au 25 décembre ait été complètement déshéritée de l’honneur d’une signification mystérieuse. D’abord, nous pourrions déjà dire, avec les anciens liturgistes, que la fête de Noël parcourt successivement les divers jours de la semaine, pour les purifier tous et les dégager de la malédiction que le péché d’Adam avait déversée sur chacun d’eux. Mais nous avons un bien plus sublime mystère à déclarer dans le choix du jour de cette solennité : mystère qui, s’il ne se rapporte pas à la division du temps dans les limites de cet ensemble que Dieu s’est tracé lui-même, et qu’on nomme la Semaine, vient se lier de la manière la plus expressive au cours du grand astre parle moyen duquel la lumière et la chaleur, c’est-à-dire la vie, renaissent et s’entretiennent sur la terre. Jésus-Christ, notre Sauveur, la Lumière du monde (JOHAN. VIII, 12.), est né au moment où la nuit de l’idolâtrie et du crime s’épaississait le plus profondément en ce monde. Et voici que le jour de cette nativité, vingt-cinq décembre, se trouve être précisément celui où le soleil matériel, dans sa lutte avec les ombres, prêt à s’éteindre, se ranime tout à coup et prépare son triomphe.

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