> DOSSIER n° 1842 : « Newman, Docteur de l’Église »
L’histoire des Docteurs de l’Église et de leur proclamation par le Magistère est longue. Elle illustre le principe du développement qui est un des apports essentiels de saint John Henry Newman à l’intelligence du mystère de l’Église.
Entendons-nous d’abord sur les mots. Que signifie « docteur » dans l’expression « Docteur de l’Église » ? Le terme offre une pluralité de sens, en particulier 1) celui qui sait ; 2) celui qui enseigne ; et 3) celui qui soigne. Pour la tradition de l’Église, comme pour la Bible, c’est le deuxième sens qui est pris en compte (même s’il rayonne sur les deux autres) : le Docteur de l’Église enseigne, fait connaître, instruit, éclaire, explique ; il est un éducateur de la foi, de l’espérance et de la charité, qui fait grandir et se développer les talents que chacun a reçus, pour l’Église.
Dieu, Docteur de son peuple
Dans l’Ancien Testament, c’est Dieu lui-même qui est par excellence le Docteur de son Peuple, et son enseignement n’est autre que la Révélation. Comme cet enseignement vient de lui, ce n’est pas un savoir théorique mais existentiel, qui concerne ce qui est essentiel pour l’homme et qui lui apporte la vie. Il est tout entier ordonné aux commandements donnés à Moïse, à commencer par l’amour de Dieu et celui du prochain. Cette primauté de Dieu est non moins présente dans le Nouveau Testament (et le demeure dans toute l’histoire de l’Église). On y trouve le nom « docteur » et le verbe « enseigner » plus de 150 fois, le plus souvent dans les Évangiles et à propos de Jésus. « Docteur » est un de ses titres essentiels, il lui convient en propre (« Vous n’avez qu’un seul docteur (enseignant) » Mt 28, 3). C’est donc un des signes de la divinité de Jésus. Jésus enseigne lui aussi l’essentiel, le Royaume de Dieu et le double commandement de la charité. Saint Paul fait de même mais il parle aussi de docteurs en un autre sens dans plusieurs de ses Lettres, pour désigner une fonction d’enseignement et d’approfondissement de la doctrine évangélique reçue dans les communautés, dans l’Église. Et il combat les faux-docteurs, ceux qui détournent de l’Évangile, ainsi à Colosses. Dans les premiers siècles de l’Église latine, un pas décisif est réalisé lorsque saint Jérôme, dans la Vulgate, utilise deux mots différents pour traduire le…







