Dans le grand déséquilibre contemporain, deux écueils menacent la juste conception des êtres humains, considérés d’un côté comme des pions interchangeables et de l’autre comme n’ayant en commun que leur « zoologie ». Seule la conception chrétienne tient finalement les deux bouts de la chaîne. Une leçon plus que jamais d’actualité, à l’heure où la Nouvelle Droite pourrait faire figure de remède au mondialisme.
À quelques semaines des élections européennes, l’intelligentsia mondialiste s’inquiète de la montée en puissance des populismes, ce qui rend à nos yeux ces derniers a priori sympathiques, tout en sachant que ce terme très vague recouvre des positionnements politiques et anthropologiques fort différents. Il n’y a pas aujourd’hui, en France tout du moins, de mouvement politique attaché à la défense de la vie et de l’identité dans toutes ses dimensions, aussi bien individuelle que collective. Il n’empêche que le point positif que nous pouvons relever réside dans la défiance croissante des populations européennes à l’égard des mirages cosmopolites, que les épreuves du réel « éparpillent par petits bouts façon puzzle ». Et comme un mal ne se combat pas par un mal contraire, il nous faut rappeler avec fermeté le sens classique et chrétien de ce qui fonde notre identité, source de notre attachement indéfectible envers la France et de la conception de la hiérarchie de nos devoirs, des plus proches aux plus lointains.
Des êtres enracinés
Créés à l’image de Dieu et dotés d’une nature commune, nous sommes également tous des êtres enracinés, c’est-à-dire incarnés dans une famille et une nation. À ce principe essentiel s’opposent radicalement deux conceptions réductrices, celle de l’homme abstrait, qui affaiblit ou détruit nos incarnations particulières, et celle de l’homme différencié, par laquelle j’entends ici l’altération ou la négation de toute forme d’universalité. La Déclaration des droits de l’homme de 1789 constitue une expression significative de la conception abstraite de l’homme, envisagé sans aucune référence à son intégration dans une famille, une culture, des traditions, une histoire qui ont façonné son être. Nous pouvons reprendre ce qu’Ernest Renan écrivait à propos du Code civil, cette déclaration est faite pour un enfant trouvé qui meurt célibataire. L’homme abstrait n’a pas de racines. La conception révolutionnaire de la communauté politique s’appuie ainsi sur un simple accord de volonté entre des êtres dotés des mêmes droits, sans aucune référence à un héritage reçu qu’il nous faut transmettre ensemble. L’égalitarisme, la mondialisation…