Notre-Dame de Chrétienté : Vere dignum et justum est… Rendons grâce à Dieu !

Publié le 09 Juin 2023
grâce

« L’action de grâce est une action nécessaire, due en justice à notre créateur ». Ces mots sont de l’abbé Jean de Massia, aumônier général de l’Association Notre-Dame de Chrétienté. Ils introduisent son sermon lors de la messe d’actions de grâce du 41e pèlerinage de Pentecôte. Une messe à laquelle a assisté un grand nombre de pèlerins. Reportage.

 

19h30 sonnent à l’église sainte Odile, à Paris, ce jeudi 8 juin. Dehors, l’été se sent tout proche, il fait chaud. A l’intérieur de l’église, remplie jusqu’au dernier banc, l’abbé Jean de Massia, prêtre de la Fraternité Saint-Pierre et aumônier de Notre-Dame de Chrétienté, va célébrer la messe. Il est assisté des pères Ambroise Pellaumail et Joseph Gilliot de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier.

Un pèlerinage réussi

Qui sont tous ces gens venus nombreux ce soir-là dans cette église parisienne du treizième arrondissement ? Quelques-uns portent un bracelet rouge au poignet, d’autres ont dû le porter, d’après la trace de bronzage sur leur bras. Tous, ils viennent aujourd’hui pour rendre grâce pour le magnifique pèlerinage qu’ils ont fait, de Paris à Chartres, les 27, 28 et 29 mai derniers.

Certains viennent pour la première fois. Un groupe de jeunes filles, guides dans des compagnies différentes, se retrouvent sur le parvis de l’église. Elles ont marché ensemble avec une compagnie de la paroisse Saint-Roch. Pour la plupart d’entre elles, c’est leur premier pèlerinage. Mathilde, 15 ans, se plaît à parler de cet événement comme d’un « buisson ardent ». Blanche, sa voisine, qui a déjà marché les années auparavant, préfère insister sur la fraternité qu’elle a pu trouver : « on a l’impression d’être une grande communauté ».

Déjà durant le pèlerinage, de nombreux marcheurs avaient témoigné de leur joie durant l’événement. Outre le nombre d’inscrits (16 000, faut-il le rappeler), beaucoup ont été touchés par le bon esprit qui a régné durant les trois jours de marche. Anne-Lys, 25 ans, est monteuse de tente depuis huit ans au pèlerinage. Elle affirme avoir été touchée par l’ambiance de cette année, plus qu’auparavant. L’abbé de Massia, quant à lui, dit avoir été marqué par la ferveur des pèlerins : « Une chose qui m’est apparue, c’est la piété des gens, la sincérité de leur prière. Cela s’est retrouvé lors de l’adoration eucharistique le soir du deuxième jour, au bivouac de Gas. Malgré la fatigue, le Saint-Sacrement a été visité jusqu’à 4 heures du matin ! ».

« Nous sommes éternellement redevables envers Dieu »

Mais, si cette 41e édition du pèlerinage de Pentecôte a été une réelle réussite, il ne s’agit pas, pour l’aumônier général, de se jeter des fleurs. « L’orgueil, c’est le péché du démon qui s’est attribué à lui-même sa perfection », rappelle-t-il dans son homélie. Lui souhaite redire l’essentiel : « Nous ne sommes que des instruments ». « En rendant grâce en ce jour, nous cherchons à résister à l’illusion de nous attribuer à nous-même le fruit de notre labeur. C’est un exercice vraiment essentiel, c’est une attitude purement mariale. » affirme-t-il avec force. Plutôt que de féliciter, il souhaite remercier : d’être croyant, d’être catholique, d’avoir pu participer à ce pèlerinage : « quelle grâce, chers amis, de connaître Jésus et de marcher sous sa bannière ! ».

sermonr de labbe grâce

Tandis que notre monde s’enorgueillit de ce qu’il peut faire, l’abbé de Massia invite au contraire à offrir toutes ses actions, bonnes ou mauvaises, à Notre-Seigneur. Et c’est au moment de l’offertoire, rappelle l’aumônier général, que « les anges du Bon Dieu passeront dans les rangs et prendront[nos] offrandes pour les déposer sur la patène avec l’hostie ». L’eucharistie, thème de ce 41e pèlerinage, signifie action de grâce, et c’est pour remercier de leur marche que bon nombre de pèlerins sont venus assister à cette messe, deux semaines après. Et c’est en chœur que tous chanteront, à la fin de la messe, accompagné par le grand orgue de Sainte-Odile, le traditionnel Lauda Jerusalem : « Loue le Seigneur, Jérusalem ! Loue ton Dieu, Sion. Hosanna au fils de David ! ».

Une occasion de se retrouver

Ils sont nombreux cependant, à attendre autre chose de cette soirée : Lucas, 24 ans, qui a aussi fait son premier pèlerinage, l’avoue : « si je suis là, c’est aussi et surtout pour revoir des amis rencontrés au pélé, et passer du temps avec eux ». Anne-Lys aussi avoue être contente de retrouver ses amis dans le calme qui suit la tempête. Et les organisateurs le savent bien, car dès la fin de la messe, un verre de l’amitié est organisé en-dessous de l’église.

Et d’amitié, il en est bien question. Dans les difficultés du pèlerinage, de nombreux liens ont pu se créer. Tous les visages sont souriants, à la fin de cette messe, et la crypte est toute aussi remplie que ne l’était l’église une heure plus tôt.

Arnaud est responsable du chapitre Notre-Dame d’Orient et d’Occident depuis quatorze ans. Il réunit des marcheurs de toute origine, et il souhaite créer une unité entre ces gens tous différents. Durant ce pèlerinage, il affirme que « Jésus a agit caché ». En conformité avec le thème donc… « J’ai eu l’impression de passer à côté de mon pélé, affirme-t-il, mais en recevant les comptes-rendus des pèlerins, j’y ai finalement vu des choses bouleversantes ». Ce soir, il peut profiter de ce verre de l’amitié pour revoir dans la joie une famille avec qui il a marché. « Un ancien disait qu’un chef de chapitre doit faire un autre pélé. Moi, je le commence maintenant ».

L’édition 2023 du pèlerinage de Pentecôte est maintenant terminée. Place à l’édition 2024. Le thème est déjà annoncé : Je veux voir Dieu. « C’est un choix orienté, nous signale l’abbé de Massia, nous constatons qu’un des éléments de la crise de l’Église est qu’on ne parle plus des fins dernières ». L’aumônier général, qui commence alors sa deuxième année dans ce rôle, affirme : « remettre ce thème au cœur des méditations pendant trois jours me semblait très important, pour redire cette vérité que l’enjeu de la vie chrétienne, c’est le Ciel ». En attendant de l’atteindre, chaque pèlerin peut continuer à remercier aujourd’hui, et se préparer tranquillement à la 42e édition du pèlerinage de Chrétienté, les 19, 20 et 21 mai 2024.

A lire également : Notre identité, reflet de notre foi

Aymeric Rabany

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseAnnée du Christ-RoiDoctrine sociale

Quas Primas (3/4) : La royauté du Christ, une évidence biblique

DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | Les Écritures sont remplies de l’attente messianique d’un roi à laquelle l’Incarnation donne une nouvelle dimension, après l’échec de la dynastie davidique à laquelle avait pourtant été promise une stabilité éternelle. L’actualité de cette royauté est attestée jusque dans l’Apocalypse, ou révélation, ainsi que le souligne Quas Primas.

+

quas primas roi messie
À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Quas Primas (2/4) : Le dogme du Christ-Roi et sa signification politique

DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | Document essentiel du magistère, l’encyclique Quas Primas (1925), publiée par Pie XI, est à replacer dans un enseignement enraciné dans la Sainte Écriture et professé par les papes du XIXe et du XXe siècle luttant contre la sécularisation et la trompeuse émancipation de la société du surnaturel et du divin.

+

Quas Primas
À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Quas Primas (1/4) : Une encyclique pour son temps

DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | C’est le contexte des années 1920, pendant lesquelles montent en puissance des États et des idéologies anticatholiques et laïcistes que l’inquiétude du pape Pie XI, face à ces cultes de la Nation, de l’État, de la Révolution ou du Prolétariat, va le pousser à donner des remèdes spirituels au monde. L’ordonnance contre ces fausses religions mortifères, c’est Quas Primas (11 décembre 1925).

+

quas primas cristeros