Notre-Dame de Paris : les artistes sélectionnés pour le mobilier liturgique

Publié le 26 Juin 2023
Vendredi 23 juin, Mgr Ulrich, archevêque de Paris, a dévoilé les trois artistes qui allaient travailler à la réalisation du mobilier de Notre-Dame de Paris. Trois noms : Guillaume Bardet, Ionna Vautrin et Sylvain Dubuisson qui souligne le glissement d’un art contemplatif à un art idéologique.  

 

Mgr Laurent Ulrich a annoncé le vendredi 23 juin que les artistes sélectionnés pour la réalisation du mobilier de Notre-Dame de Paris étaient Guillaume Bardet et Ionna Vautrin. Ils rejoignent Sylvain Dubuisson qui va réaliser le nouveau reliquaire pour la Couronne d’épines du Christ. Guillaume Bardet est chargé de la conception des cinq éléments principaux du mobilier liturgique : le baptistère, l’ambon, l’autel, le tabernacle et la cathèdre. Ionna Vautrin se voit confier la réalisation des 1500 chaises de la cathédrale. Mgr Ulrich explique son choix par la volonté de « donner à notre cathédrale un mobilier liturgique d’une noble simplicité ». Les artistes et l’archevêque se retrouvent dans un désir d’inscrire ce mobilier dans le temps. « Les pièces doivent embrasser le passé, vivre le présent et accueillir le futur » explique Guillaume Bardet. 

Choisi parmi les 69 candidat, Guillaume Bardet est diplômé de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris. En 2017, il a notamment réalisé une grande installation au couvent de La Tourette, La Fabrique du Présent, la Cène. Pour le mobilier de Notre Dame, il a conçu un projet entièrement de bronze vêtu. Ce matériau, a été choisi dans les teintes brunes-acajou pour trancher avec la blancheur des pierres restaurées de la cathédrale. L’autel de Jean Touret choisi par Mgr Lustiger et partiellement abîmé par l’incendie sera aussi remplacé. « Il s’agit d’un équilibre entre la dimension sacrificielle de l’autel et la dimension chaleureuse qu’est celle d’une table, évoquant le dernier repas du Christ » commente le sculpteur. chaleureuse qu’est celle d’une table, évoquant le dernier repas du Christ » commente le sculpteur. Ce dernier rajoute qu’il a pensé ces cinq éléments (autel, baptistère, lutrin, ambon, cathèdre) pour qu’elles « embrass[ent] le passé, viv[ent] le présent et accueill[ent] le futur ». Pour Marc Alibert, architecte des bâtiments de France et architecte urbaniste de l’Etat, l’objectif de l’art sacré n’est pas de s’inscrire dans le temps mais d’émouvoir, « l’art c’est représenter une étincelle divine pour notre âme de mortels ». Il ajoute « lorsqu’on travaille pour la Sainte Vierge, il faut des formes rondes, blondes, féminines. Ce qui n’est pas le cas dans le mobilier choisi. »

Ionna Vautrin est diplômée de l’école de Design Nantes Atlantique. Pour l’automne 2024, elle devra réaliser 1500 chaises pour les fidèles de la cathédrale. L’artiste dit avoir conçu ce mobilier dans un dialogue avec l’architecture du lieu : les pilastres et les colonnettes se retrouvent donc en miniature pour devenir dossiers.  

Mgr Ulrich fait appel à Sylvain Dubuisson pour réaliser le nouveau reliquaire de la Couronne d’épines. Pour l’artiste, l’écrin en bois se doit être proche des fidèles, qui pourront venir exprimer leur dévotion en le touchant ou déposant des bougies à ses pieds. La vénération des reliques pourra se faire en dehors du cadre d’une cérémonie où chaque fidèle pourra venir personnellement l’adorer. « La Couronne d’épines du Christ sera disposée au centre d’une grande iconostase en bois de cèdre, ce même bois de cèdre qui est aussi celui de la relique » a expliqué l’artiste.  

 

Mgr Ribadeau-Dumas, recteur de la cathédrale, soutient que la simplicité des lignes témoigne de la « simplicité qui se lie dans le concile Vatican II, rendant vivant la liturgie et le mystère eucharistique aux fidèles tout en montrant aux visiteurs ce en quoi nous croyons ». C’était pourtant bien l’objectif des vitraux et du mobilier médiévaux : incarner les textes bibliques pour rendre accessibles les mystères au plus grand nombre.

Marc Alibert rappelait déjà en avril dernier la définition de l’art contemporain par Jean-Louis Harouel : « Ce qu’on nomme à proprement parler art contemporain est en réalité une religion séculière d’inspiration millénariste, de même nature idéologique que les grands totalitarismes du XXe siècle, dont les dogmes posés voici cent ans ont précisément pour finalité d’affranchir de toutes règles ou limites l’individu qui jouir du statut d’artiste d’avant-garde. Celui-ci bénéficie d’une sacralisation délirante car il est considéré, et c’est le premier dogme, comme un être prodigieux en prise direct avec le divin ou avec les grandes forces cosmiques, que son génie rend capable d’accéder à des réalités transcendantes ».

Marc Alibert avait conclu : « Nous sommes passés d’un art contemplatif à un art idéologique. C’est une sorte d’apostasie des valeurs de la tradition. L’art contemporain ne doit plus véhiculer des valeurs transcendantes ».  

 

>> A lire également : Notre-Dame de Paris 3/4 : Art sacré, communiquer la transcendance

 

Domitille de Brü

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