Notre quinzaine : La vérité à tout prix !

Publié le 21 Août 2024
vérité blasphème

La cérémonie d'ouvertures des JO 2024 a choisi de représenter une parodie de la dernière Cène dans une version LGBTQ+.

À l’approche d’une nouvelle rentrée, faut-il revenir sur les grands faits d’un été particulièrement chargé ? À vrai dire, la question n’est pas seulement rhétorique. Si nous n’y prenons garde, la pesanteur des événements peut, en effet, nous entraîner dans les bas-fonds du désespoir, nous masquant ainsi la réalité dans sa totalité et sa complexité, laissant surtout l’Ennemi triompher en utilisant jusqu’à notre indignation face au scandale du mal. À cet égard, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques mérite que l’on s’y arrête à nouveau, pour dépasser justement le seul cadre de l’émotion et pour tenter d’en tirer des leçons pour notre proche avenir.

Blasphème or not blasphème ?

Incontestablement, alors qu’elle a été suivie par plus d’un milliard de téléspectateurs à travers le monde, celle-ci n’a pas rencontré l’unanimité attendue devant son « audace », sa « créativité » et son message. La représentation de la reine Marie-Antoinette, décapitée et chantant le Ça ira, a choqué par son outrance et sa provocation. Et qu’ajouter, qui n’ait pas déjà été dit, à propos de la parodie de la dernière Cène dans une version LGBTQ+ ? 

De son côté, le monde catholique s’est interrogé pour déterminer s’il s’agissait vraiment d’un blasphème. Certains, les plus nombreux, prenant acte de l’agnosticisme ou de l’athéisme des concepteurs de ce spectacle, en ont conclu à une simple faute de mauvais goût ou à une provocation supplémentaire dans un milieu qui se nourrit habituellement de cette manière de faire.

Or qu’est-ce qu’un blasphème ? Le Dictionnaire de théologie catholique répond clairement à cette question : « on blasphème en attribuant à Dieu des actes ou des imperfections qui répugnent à sa nature, en niant insolemment ses perfections, en parlant avec mépris des choses ou des œuvres divines, en rabaissant la divinité au niveau de la créature ou en élevant celle-ci jusqu’à Dieu. Le blasphème peut être une affirmation ou une négation expresse, ou encore une interrogation insolente, ou une simple épithète outrageante associée en quelque manière au nom divin. »

Le même dictionnaire précise que le blasphème « est un péché contre la vertu de religion qui nous commande de rendre à Dieu le culte et l’honneur dont il est digne ». Il est ainsi contraire à la loi naturelle, qui vaut pour tout homme, catholique ou non.

Dépasser l’indignation

J’ai parlé d’indignation. Celle-ci est certes normale mais elle contient aussi sa propre dérive. Identifier le mal comme mal et le dénoncer est assurément une nécessité. Y répondre de manière adéquate, également !

Le danger consiste à être submergé intérieurement par celui-ci, en se laissant envahir par une réaction permanente, à fleur de peau et qui empêche de recourir aux armes surnaturelles face à de tels événements. On finit par croire ainsi à la victoire du mal, ce qui conduit immanquablement au désespoir. « C’est le propre du mauvais esprit, explique saint Ignace dans ses Exercices, de leur [c’est-à-dire aux âmes des chrétiens conséquents] causer de la tristesse et des tourments de conscience, d’élever devant elles des obstacles, de les troubler par des raisonnements faux, afin d’arrêter leurs progrès dans le chemin de la vertu. »

Notre rapport au réel

Un des moyens naturels de ne pas se laisser emporter sur une telle pente fatale consiste à replacer l’événement en question dans un contexte plus général. Malgré la permanence des compétitions entre nations et des exploits sportifs impressionnants, les actuels Jeux olympiques ont pris un caractère mondialiste que l’édition de 2024 a particulièrement montré. Ils entrent en fait dans la perspective plus large de la paix universelle de Kant ou de « l’État homogène universel » de Fukuyama. Le wokisme militant n’est lui-même qu’un rejeton parmi d’autres, terriblement efficace il est vrai, de la prétention moderne à ne dépendre d’aucunes données objectives qui ne découlent de la volonté humaine.

Ultimement se pose ainsi la question de notre rapport et de notre acceptation du réel. Et c’est peut-être ce à quoi nous devons réfléchir à partir des événements de cet été 2024.

En cette période de rentrée, il n’y a donc rien de plus urgent que de reprendre à notre compte l’exigence de la vérité portée naguère par Alexandre Soljenitsyne. Le refus du mensonge en nous passe par bien des aspects, passifs et actifs. Il n’en nécessite pas moins l’effort intellectuel de connaître le réel tel qu’il est, c’est-à-dire tel que le Créateur l’a voulu. Nous n’aurons pas trop d’une année pour réaffirmer en nous ce goût du vrai et le refus, concomitant, du mensonge.

 

>> à lire également : Les martyrs chrétiens de Damas enfin canonisés

 

Philippe Maxence

Philippe Maxence

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉditorialSpiritualité

Jerzy Popiełuszko, un prêtre pour la patrie

Édito du Père Danziec | Éveilleur de consciences, le père Jerzy Popiełuszko aura jeté à la face du communisme et l’intrépidité de sa jeunesse et son amour du Christ. Lors de ses funérailles, un immense panneau sera suspendu au-dessus de son cercueil portant l’inscription: « Bóg – Honor – Ojczyzna / Dieu – Honneur – Patrie ».

+

Popiełuszko
ÉditorialChrétiens dans le monde

Jerzy Popiełuszko (1/3) : Prêtre jusqu’à la croix

Dossier : « Martyre du père Popiełuszko : la force irrésistible de la vérité » | Jerzy Popieluzsko (1947-1984) est resté dans les mémoires à l’Ouest comme victime et martyr des dernières heures du communisme en Pologne. Simple prêtre, et malgré une santé fragile, il montra dès sa jeunesse et son service militaire un esprit de résistance aux persécutions du régime. Refusant de céder aux intimidations et poursuites, il persévéra dans la foi et le service de ses ouailles et compatriotes ce qui lui vaudra la haine finalement mortelle des communistes.

+

Popieluszko celebration Europeana 07 Popiełuszko
ÉditorialDoctrine socialeLettre Reconstruire

Le Christ-Roi : pierre angulaire de la doctrine sociale de l’Église

Lettre Reconstruire n° 41 | Éditorial | Le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait Quas primas, une encyclique consacrée au Christ-Roi. Il y précisait la doctrine de l’Église à ce sujet et instituait une fête liturgique, fixée le dernier dimanche d’octobre. Importante liturgiquement, la royauté du Christ constitue aussi la pierre angulaire de l’enseignement social de l’Église.

+

Christ roi de l'univers christ-roi
Éditorial

Retrouver l’esprit chrétien 

Éditorial de Maitena Urbistondoy l Pie XII rappelle que l’Église, en tant que Corps mystique du Christ, est un repère stable, qui ne se laisse pas entraîner par les modes. Cette stabilité, ancrée dans la fidélité à sa mission divine, protège l’Église de l’inconstance des tendances passagères. Et c’est cet équilibre qui manque aujourd’hui : la fidélité aux vérités éternelles, qui ne se mesure ni au succès ni à l’acceptation du moment.

+

pie xii Edith stein église chrétiens
Éditorial

Notre quinzaine : La mort comme principe de vie

Éditorial du Père Danziec | Vivre vraiment, quel formidable privilège que de respirer à larges poumons, de parcourir l’existence à pleines enjambées et de croquer à ras bord le quotidien qui s’ouvre à nous sans relâche ! Vivre vraiment, non comme un épicurien mais comme un débiteur qui reçoit dans l’action de grâce le temps qui s’échappe et qui fuit. L’homme de foi sait qu’il tient la vie de son Créateur. Tout baptisé est appelé à voir dans chaque jour que Dieu fait une bénédiction.

+

vie
Éditorial

Notre quinzaine : Une révolution copernicienne ?

Éditorial de Philippe Maxence | L’épisode politique traversé par la France depuis le résultat des élections européennes a rappelé la place de l’extrême gauche dans notre pays. Malheureusement, celle-ci sert plus d’épouvantail qu’elle n’est exactement connue. Pourtant, l’extrême gauche ne cesse d’occuper le terrain, aussi bien celui de la rue que des médias, des amphis ou des sites Internet. Elle déploie également un travail doctrinal et d’adaptation aux réalités du moment, sans équivalent parmi ses adversaires. En consacrant un dossier à l’extrême gauche, nous avons pensé utile de savoir quelle réalité ce terme recouvre, sur quelles forces et quelles faiblesses elle s’adosse et quel travail doctrinal elle produit.

+

révolution ultra gauche