Notre quinzaine : Je crois en la Sainte Église catholique

Publié le 10 Jan 2024
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La publication par le dicastère pour la Doctrine de la Foi de Fiducia supplicans sur la signification des bénédictions a soulevé une profonde émotion au sein de l’Église catholique, conduisant ainsi le Saint-Siège à publier un communiqué d’explication. Nous n’y échappons évidemment pas tant ce texte, par de subtiles distinctions, conduit à reconnaître comme légitime la bénédiction des couples homosexuels ou celle des couples en situation irrégulière. Je ne m’y arrête pas ici davantage, Thibaud Collin analysant dans ce même numéro les conséquences de cette révolution.

 

Une réaction mondiale

Des épiscopats entiers (principalement africains mais pas uniquement), des cardinaux (notamment le cardinal Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) et des évêques (par exemple Mgr Aillet en France ou Mgr Schneider au Kazakhstan) ont critiqué, avec plus ou moins de vigueur, ce texte, mettant au grand jour la grave crise que traverse l’Église. S’il convient de ne pas se satisfaire de cette situation et de chercher à travers la nuit du temps la lumière de la vérité, il est nécessaire plus que jamais de poser sur la crise que l’Église traverse un regard surnaturel.

 

L’imitation du Christ

Que professons-nous, en effet, dans le Credo ? « Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ». Que constatons-nous depuis quelques décennies, avec une accélération vertigineuse ces dernières années ? Une Église divisée, traversée des scandales les plus écœurants et dont l’enseignement semble de plus en plus se conformer au monde.

À vrai dire, ce n’est pas seulement à une crise dans l’Église à laquelle nous assistons, mais à une crise de la foi elle-même. Plus exactement, la crise dans l’Église conduit à un trouble de la foi parmi ses membres, sans même parler du scandale pour ceux qui lui sont extérieurs.

Notre déréliction actuelle est assurément de voir souffrir notre mère, la sainte Église, mais aussi d’être éprouvés par elle. Or ce n’est pas parce que le Christ savait que Pierre le trahirait qu’il n’en a pas souffert. En imitation du Christ, c’est évidemment la souffrance de la Croix que nous devons accepter, et non le reniement de la vérité.

 

Une éclipse de la sainteté de l’Église

L’autre tentation à laquelle nous sommes soumis relève de notre attachement à l’Église. Que voyons-nous, ou plus exactement, que croyons-nous voir ? Une Église réduite à une institution humaine, ballottée au gré des idéologies et des ambitions, se contredisant et se laissant emporter par les mirages du monde. Pourtant, l’Église est sainte. Elle est sainte en raison de la sainteté de son fondateur, de sa doctrine, de ses sacrements, de la grâce qu’elle transmet, de la finalité qu’elle poursuit. Elle est sainte parce qu’elle est substantiellement la même sur terre et au Ciel. Elle est sainte parce qu’elle est l’épouse du Christ.

Avouons-le, la sainteté de l’Église subit comme une éclipse à nos yeux et nous essayons de sauver la situation en pensant que cette sainteté est atteinte par le péché de ses membres. Mais si l’on suit le cardinal Journet dans L’Église du Verbe incarné, l’Église contient certes des pécheurs, mais

« elle ne contient pas de péché. C’est en raison de ce qui subsiste encore en eux de pur et de saint, que des pécheurs lui appartiennent : c’est-à-dire en raison des caractères sacramentels du baptême et de la confirmation, en raison aussi de la foi et de l’espérance théologales qu’ils ont peut-être conservées. (…) Ainsi la frontière de l’Église passe en chacun de ceux qui se disent ses membres, prenant au dedans d’elle ce qui est pur et saint, laissant au dehors ce qui est péché et souillure (…). En sorte que c’est vraiment dès ici-bas, dans le temps même de son pèlerinage, au sein du mal et du péché qui lui disputent chacun de ses enfants, que l’Église demeure immaculée. »

De son côté, Mgr Bartmann, évoquant la sainteté de l’Église, affirme que celle-ci « est sainte dans son être objectif et réel. Elle doit être sainte dans ses membres ».

 

Marie, prototype de l’Église

On ne peut prétendre défendre la doctrine traditionnelle et désespérer de l’Église ou réduire celle-ci au rang de simple ONG. C’est dans les circonstances de crise qu’il nous revient, même au prix d’un certain martyre (mondain), de proclamer la sainteté de l’Église, épouse du Christ dont la Vierge immaculée reste le plus parfait prototype. Aussi est-il plus que jamais nécessaire de recourir à celle-ci comme Mater Christi et Mater Ecclesiae.

 

>> Pour aller plus loin : Dossier Fiducia Supplicans

Philippe Maxence

Philippe Maxence

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