N’oubliez pas Fatima

Publié le 14 Oct 2019
N'oubliez pas Fatima L'Homme Nouveau

Si le centenaire des apparitions de la Cova de Iria a fait quelque bruit en 2017, l’on peut cependant se demander, deux ans après, si le rappel des messages de Notre-Dame à l’humanité a eu le moindre écho dans la société actuelle, et même dans les âmes catholiques. Il est vrai, quand on y réfléchit que les propos de la Sainte Vierge, fidèle écho d’ailleurs de ceux qu’Elle avait déjà tenus rue du Bac à Paris, à La Salette, à Lourdes, à Pontmain, n’ont rien pour plaire, ni à notre époque ni aux précédentes. Pourquoi, en effet, alors que tant de facilités nous entourent, tant de tentations séduisantes nous pressent, aller nous ennuyer avec des sacrifices, des pénitences, des prières pour le salut de pécheurs qui, au demeurant, se moquent éperdument de leur sort éternel ?

N’est-il pas surprenant, alors que nous sommes sollicités de toutes parts pour tant de causes diverses, souvent fort louables et justes, mais qui ne se soucient que de soulagements matériels, nécessaires, certes, mais de valeur inférieure, nous le soyons si peu dès qu’il s’agit d’œuvres de miséricordes spirituelles ? S’il faut évidemment nourrir ceux qui ont faim et vêtir ceux qui ont froid, n’importe-t-il pas aussi de pourvoir aux nécessités, bien plus tragiques, des âmes qui se perdent, ou même de celles qui gémissent dans le Purgatoire, dans l’attente de prières, de suffrages, de messes de plus en plus rares ?

Car, si Notre-Dame voulait tant la consécration de la Russie à son cœur immaculé, c’était, en l’empêchant de répandre ses erreurs, afin d’épargner à tant d’âmes de sombrer dans le matérialisme, l’athéisme et de se perdre à jamais. Aussi déplaisant que cela paraisse, c’est bien du risque d’aller en enfer que Notre-Dame est venue nous parler à Fatima. Et, parce qu’ils avaient vu, horrifiés, cette mer de flammes où se débattaient en hurlant des damnés aux corps semblables à des charbons ardents, torturés par des démons, les trois enfants visionnaires ne prendraient jamais à la légère ni leur salut, ni celui des autres.

Cette vérité est au cœur du petit livre, François et Jacinthe, les bergers de Fatima, que Jean-François de Louvencourt publie dans la collection Parole de Vie, aux éditions Le Livre ouvert (65 p. 6 €).

D’un point de vue mondain, rien de plus stupéfiant, voire de plus scandaleux, que l’histoire de ce petit garçon et cette petite fille pauvres, emportés à quelques mois d’intervalle, dans de terribles souffrances endurées avec une constance exemplaire, et, s’agissant de Jacinthe, une solitude et un abandon à fendre le cœur. Comment la Sainte Vierge pouvait-Elle accepter de voir infliger pareilles misères, pareilles tortures, à deux enfants qu’Elle disait aimer ?

Parce qu’ils les avaient librement acceptées, parce qu’ils avaient, en toute conscience, avec un héroïsme très au dessus de celui de la plupart des adultes, consenti à devenir à leur tour, en se couchant sur la croix avec le Christ, victimes d’amour pour participer à leur niveau à la rédemption du monde et arracher des âmes à l’Enfer. Certes, il n’est pas demandé à tout le monde, et, un peu lâchement, nous avons tous envie de dire « tant mieux ! », d’en faire autant mais, à chaque contrariété, chaque petite ou grande douleur, il serait bon, en grognant, gémissant et pleurant un peu moins, de dire, nous aussi : « Mon Dieu, c’est pour les pécheurs. C’est pour les arracher à l’enfer. »

Et ce n’est pas rien, comme le rappelle un opuscule, L’Enfer existe (Téqui ; 70 p ; 10 €.). « La plus grande ruse du démon, c’est de laisser croire qu’il n’existe pas. » Il faut admettre qu’elle fonctionne très bien depuis un siècle ou deux. Il suffit, pour s’en convaincre, d’assister, sauf exceptions, à des obsèques : il n’y est plus jamais question ni du Purgatoire ni de l’Enfer. Tout le monde désormais est sauvé, sans s’arrêter à ses mérites personnels ni à la confession et l’expiation des fautes. Dieu n’est-Il pas bon et miséricordieux ?

Comme le souligne le Père Patrick de Laubier, cet enseignement, faussement consolant, est en réalité dangereux pour la foi et le salut des âmes qui ne sont plus prévenues contre les pièges d’un ennemi auquel même certains hommes d’Église ne semble plus trop croire. Et pourtant !

Avec quelques commentaires sobres et sages, le Père de Laubier propose à la réflexion de chacun des extraits des visions de sainte Françoise Romaine, sainte Thérèse d’Avila, sainte Faustine, la bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, sœur Lucie de Fatima qui, toutes, virent la réalité de la géhenne de feu et l’horreur indicible de ses tourments. Il ne s’agit pas de terroriser, comme on le prétend souvent, mais d’avertir.

Pendant qu’il en est encore temps.

Et c’est bien la plus grande miséricorde qu’il nous soit possible d’exercer envers le prochain.

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