Voici assurément une des vocalises les plus spectaculaires de tout le répertoire grégorien. L’offertoire Jubilate Deo est célèbre, il s’agit d’un morceau de bravoure pour les chœurs, mais ce chant de louange procure une telle joie, engendre un tel enthousiasme, que l’on a vraiment plaisir à le voir revenir sur le cycle liturgique. La vocalise du Jubilate se développe à partir de la dominante la (*) du 1er mode. Elle ressemble à une immense vague de louange et de joie, puissante et forte, en crescendo continu vers sa cime majestueuse. Elle est constituée de cinquante-cinq notes et elle privilégie de beaucoup les intervalles par degrés conjoints. Cette mélodie très resserrée monte progressivement, de façon grandiose et régulière, jusqu’au sommet sublime atteint sur le fa aigu (*).
Toutes les créatures louent Dieu
Les notes intercalées entre les longues et plongeant doucement au grave (*) évoquent la convocation successive de toutes les créatures pour louer Dieu. Les longues, quant à elles, expriment cette louange et son caractère éternel. On imagine, à travers cette merveilleuse ascension, la louange assumant, les unes après les autres, toutes les créatures, depuis les plus humbles jusqu’aux plus nobles, pour les hisser devant le trône de Dieu et lui offrir en action de grâce l’immense joie du créé. L’invitation à la louange, contenue dans le texte de cet offertoire, est devenue louange grâce à la mélodie. On ne se contente plus d’inviter à la louange, on loue éperdument. Le choriste est le chef d’orchestre conscient de ce cantique des créatures, c’est là sa belle vocation dans l’Église.
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