Papa porte une robe. C’est le titre de l’un des ouvrages proposés aux classes de Grande section, CP et CE1, dès la rentrée prochaine.
Papa porte une robe et en attendant, son enfant apprend à déconstruire les stéréotypes mais ne sait pas lire. Papa porte une robe mais Maman n’a pas le temps d’aller en acheter de nouvelles pour elle puisqu’elle court entre le boulot et la crèche, pour gagner péniblement de quoi nourrir ses enfants. Ce Papa dans sa robe n’est qu’une partie du rouleau compresseur que le million et demi de manifestants venus battre le pavé parisien n’a pu arrêter. Le livre est paru en 2004 et, neuf ans après, le ministère de l’Éducation nationale a sans doute jugé que les mentalités étaient prêtes à accepter l’entrée de l’ouvrage dans les programmes scolaires.
La circulaire qui l’accompagne annonce que l’étude du livre en question doit permettre à l’enfant de « contribuer à détruire les stéréotypes, construire sa personnalité au sein de la communauté scolaire, mettre en évidences les références culturelles aux contes traditionnels ». Aux instituteurs, donc, de chercher dans Blanche-Neige et Cendrillon des héros mal à l’aise avec leur identité sexuelle qui pourraient laisser croire aux enfants que ce questionnement des « stéréotypes » est normal, traditionnel en somme. Les recommandations fournies par le ministère prévoient également un temps de réflexion et de discussion pour « aborder des thèmes d’ordre symbolique » et pour permettre à l’enfant de « s’exprimer librement dans le groupe classe ».
La fin de la circulaire détaille la durée de l’activité, les modalités d’enseignement, le rôle assigné à l’enseignant et enfin le rôle dévolu aux élèves : « écouter l’enseignant ».Consigne étonnante de la part d’idéologues qui serinent par ailleurs – notamment dans le cursus de formation des maîtres – que l’enfant possède déjà en lui la connaissance et que l’adulte n’est là que pour l’aider à faire advenir ces connaissances au grand jour… C’est toute la théorie innéiste qui voudrait que la connaissance ne nous vienne pas de l’expérience du monde sensible mais soit déjà présente en notre esprit, ne demandant qu’à être actualisée. D’où l’actuel engouement pour les leçons « interactives » et la haine du cours magistral comme de l’apprentissage par cœur. Des pratiques que le ministère de l’Éducation nationale estime relever d’un autre âge, celui de l’obscurantisme et de l’endoctrinement. Et pourtant… Il faut croire que cette connaissance des troubles du Genre et de la malléabilité de l’identité sexuelle, que la bisexualité, homosexualité ou transsexualité qui sommeillerait en chacun de nous ne sont pas choses si évidentes pour les enfants. Cela fait partie des choses qui, manifestement, n’étaient pas proprement rangées dans leur esprit attendant d’éclater au grand jour à la moindre sollicitation. Exit donc les cours magistraux pour l’apprentissage de la lecture, du calcul, de l’Histoire et des sciences mais ils reviennent en force dès lors qu’il s’agit de « déconstruire les stéréotypes ». Mais ce n’est pas de l’endoctrinement…