Commentaire de l’allocution de l’homélie lors du passage de la Croix des JMJ le 22 novembre 2020
Depuis les Rameaux 1985, lors de la première journée mondiale de la jeunesse à Rome, le pape Jean-Paul II s’est vraiment montré prophète en plaçant la Croix du Christ au centre des rassemblements de la jeunesse mondiale. C’était certes regarder l’avenir, mais ce n’était pas si évident pour les contemporains qui, trompés par des théologiens ou spirituels utopiques, refusaient d’admettre la Croix du Christ comme notre seul moyen de salut. Benoît XVI a beaucoup fait pour montrer l’importance de la théologie de la Croix. Pour lui, celle-ci est nécessaire pour tout évangélisateur, car elle est un signe de communion avec le Pasteur suprême qui nous a rachetés en se donnant et en souffrant pour nous. Benoît XVI disait en ce sens : « L’amour est souffrance, c’est se donner, c’est se perdre, et c’est précisément de cette manière qu’il est fécond ». Le pape François a suivi ses traces, spécialement quand il rencontre les jeunes à qui il donne l’exemple de saint François d’Assise.
Le Poverello est l’un des saints qui a le mieux perçu cette théologie de la croix tant décriée de nos jours. Le Seigneur n’a cessé de le rencontrer à travers la Croix, depuis la vision du crucifix de saint Damien jusqu’à la guérison du lépreux. Chaque fois, la Croix du Christ l’encouragea à se dépouiller des nouvelles idoles, à surmonter sa propre faiblesse en portant sa Croix à la suite et avec le Christ. C’est la Croix qui, en le dépouillant de tout pour qu’il se donne entièrement au Christ, lui a apporté la joie parfaite, la liberté véritable toujours en lien avec la vérité et la capacité de devenir un chant de louange continuel en union avec la création entière. Grâce à elle, il a pu « réparer la maison du Seigneur qui menaçait ruine ». Et le Pape d’inviter les jeunes à l’école de saint François pour dire un oui total au Christ, un oui qui procure la vraie espérance qui manque tant à nos contemporains.
Suivre l’exemple de saint François devrait permettre aux jeunes, sinon de transformer complètement le monde, du moins de commencer à écrire d’une façon différente l’histoire du monde. Pour cela, le Pape rappelle qu’il est urgent de « donner au monde un récit économique différent ». Citant Laudato si, il dénonce l’actuel système mondial qui maltraite et dépouille sœur terre, augmentant ainsi le nombre de pauvres et d’exclus. Mais pour obtenir ce but, les jeunes ne doivent pas se laisser manipuler, mais ramer à contre-courant, sans se « laisser endormir ni anesthésier ». La gravité de la situation actuelle qui devient plus manifeste encore avec l’épidémie de la covid, « exige une prise de responsabilité de tous ». Elle exige une nouvelle culture, car nous avons atteint les plus bas-fonds. Il faut aller jusqu’aux périphéries du mal, jusqu’aux quartiers les plus fermés pour apporter le Christ, mais cela implique une vraie conversion de tous. Aller jusqu’aux périphéries existentielles avec Marie, c’est bien, mais tant que l’on n’aura pas compris l’urgence de la nouvelle évangélisation, telle que l’avait prônée pour la première fois Jean-Paul II en Pologne, en juin 1979, en insistant sur la théologie de la Croix du Christ, rien ne changera. « Convertissez et faites pénitence », selon les paroles de Jésus reprises par Marie lors de ses apparitions, voilà l’urgence pour pouvoir adhérer concrètement au pacte proposé aux jeunes par le Pape. Il faut se pencher sur chaque homme, oui bien sûr, mais notre démarche restera inutile si nous ne proclamons pas ouvertement, comme les Apôtres, qu’il n’y a qu’un Sauveur au monde : Jésus-Christ fils de Marie, vrai Dieu et vrai homme, et que ce salut passe par la Croix.